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1 août 2015 6 01 /08 /août /2015 08:42

La formule peut surprendre le lecteur superficiel. Celui qui n’a pas voulu voir que Céline est constamment dans l’excès… Ferdinand pose sans cesse des explosifs pour faire éclater les lieux communs du langage ! Du langage ordinaire des gens bien élevés.

Ca commence dès le début du Voyage, dès la page 2 :

«… la race, ce que t’appelles comme ça, c’est seulement ce ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis… c’est ça la France et puis c’est ça les Français… »

Où est la belle race aryenne ? Dès que Céline commence à parler, ça déconne… enfin on dit que ça déconne. Mais en vérité Céline est étranger à toute idéologie. C’est le révolté à l’état pur. Voyez l’accumulation des adjectifs… Céline se damne tout seul. (Jean Guénot « Céline damné par l’écriture »). Il va toujours aux extrêmes. Ainsi on passe de « chassieux » à puceux » (néologisme) et on revient à « transis », un mot du langage officiel. J’aurais pu citer la suite : « Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours. » Et la recherche de la limite est là, encore. Il agit pareil avec les juifs, avec les colons sur l’amiral Bragueton, Il y en a pour tout le monde :

Céline parle de « l’angoissante nature des Blancs ». C’est la vraie nature des Blancs que Céline nous donne à voir : « l’aveu biologique » dès que l’homme blanc a passé les tropiques. Le Blanc pue autant que le juif, autant que le noir. C’est l’humanité qui pue. Le Blanc il est impossible de le laver, impossible de le récurer, la mer n’y suffit pas, impossible de le désinfecter : « on peut apercevoir des Blancs, une fois que la mer s’en retire : la vérité, mares lourdement puantes, les crabes la charogne et l’étron. »

L’humanité, c’est vraiment de la merde et Ferdinand le dit avec une certaine élégance. La mer devient une « mare » et laisse des crabes, comme des « paniers de crabes », des crabes sournois et en plus elle « pue » la mer. Et Céline reste poli, avec « la charogne » (dépouille d’un animal mort » et même avec « l’étron », dont le singulier peut apparaître comme « poétique », vu que l’étron c’est pas de la vraie merde, à l’état naturel… l’étron c’est de la merde élaborée, de la merde comme une sculpture. Une œuvre d’art.

Et Ferdinand ne prend pas non plus de pincettes avec les noirs. Il est vrai que l’amiral Bragueton est en partance pour « Bambola-Fort-Gono ». (« gonocoque » dans la version abrégée). Alors on ne s’étonne plus de rien. Bambola, c’est la version douce de « Bamboula », comme le navire était l’amiral Bragueton…Tout le monde se débraguette sur l’amiral Bragueton…

On comprend, si on veut comprendre, que c’est la race humaine dans son intégralité qui est visée par Louis Ferdinand Céline.

Donc Louis Ferdinand Céline n’est pas raciste, il est même antiraciste.

C’est l’humanité entière qui est une sale race.

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commentaires

O
Wouaouh ! La belle analyse que tu donnes là, cher Rolland. À donner envie de relire "Le voyage) avec la bonne paire de lunettes. Amitiés à vous deux : .Élize et toi. Odette
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