Suite au succès inattendu de « Zazie dans le métro », Raymond Queneau a été rebaptisé Raymond Q… Cet écrivain est connu, notamment, pour ses variations sur la langue française populaire parlée… Voici un exemple, vous m’en direz des nouvelles :
Je mdemandd squ’on fait icigo
Sur cette boule d’indigo
C’est pour la rime qu’on dit ça
Et c’est pour la raison sans doute
Que tout lmonde va sfairfoutre
En grand habit de tralala
Oui je suis d’accord avec vous on sait pas par quel bout prendre un machin comme ça…
Remarque générale : Raymond Q. prend d’incroyables libertés avec le lecteur. On croit d’abord être en présence d’un illettré… gardez-vous de raisonner ainsi. Queneau a étudié la philosophie. Ce qui vous déroute c’est cette orthographe, « qu’on dirait un internaute ». Mais un internaute même très crétin y rajouterait pas des lettres apparemment inutiles, En réalité Raymond Q. trafique le vocabulaire. Et le résultat c’est qu’il recrée le monde, comme dans la Bible.
« Je m’demandd » ça existerait pas sans Raymond Q. Pourtant Raymond Q. Il agit pas au hasard. A l’oral on prononce le « dd ». Essayez vous-même. Vous voyez bien. Je l’appelle Raymond parce qu’on se connaît. Même remarque pour « squ’on fait ». Après ça se complique, je devrais dire ça se simplifie. Parce qu’icigo c’est de l’argot. Et alors qu’allez-vous faire de cette « boule d’indigo » ? On touche ici (icigo ?) à l’essentiel. Le Raymond il nous mène en bateau. La « boule d’indigo » c’est la planète bleue. En fait Queneau R. aborde ici une question philosophique : « le sens de la vie ». Mine de rien. En langage populaire, en langage parlé. Zallez pas croire que les Araméens et les Grecs savaient tous lire ! Ils savaient s’enculer les anciens grecs et d’ailleurs ça se voit plus loin ils allaient « s’fairfoutre » et, suprême élégance, en « grand habit de tralala ». Ils s’enculaient certes mais dans le respect des bonnes manières. « Zavez comprite » maintenant ? Avec Raymond faut toujours être sur ses gardes. Sinon vous vous faites enculer. Le lexique est piégé. Vous continuez tout seul. « Zavez vu » le jeu de mots sur la rime et la raison ? Vous êtes grands vous pratiquez le « RaymondQ.sanspeine ».
Je vous donne la strophe suivante :
On est là comme cornichons
Susglobnaturellement rond
Comment trouver d’autre épithète
De même qu’après l’agonie
Quand on sait que c’est bien fini
Faut dire qu’en fait il réquièste
Maintenant que vous zavez comprite je vous « laisse reposer en paix ». C’est d’ailleurs le sens de « resquiescat in pace » sous sa forme Queneautienne. Vous êtes aussi intrigué par ce très long adverbe au vers 2. Faites la diérèse, sinon Raymond sera pas content. Je veux dire : « Prononcez les « e » muets… Vous zobservez également un contraste au vers 2 entre la longueur inhabituelle de l’adverbe et la brièveté de l’adjectif.
Je vous donne la troisième strophe puisque vous insistez. Allez je suis trop bon :
Les gens vont à droite et à goche
Comme si y avait pas d’anicroche
Car c’est la vie euh qui veut ça
Et c’est la mort assurément
Qui provoque ces enterrments
Qu’on aperçoit ici et là
Vous pouvez marcher tout seul maintenant. On dit merci Raymond Q.
« Merci Raymond Q » ! Plus fort que ça, je vous ai pas zentendudanl’fon !
Ah ! j’avais oublié l’titre, levoilà :
Ombre d’un doute