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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 09:39

Les gros mots, ça n’existe pas. Les gros mots c’est le langage à l’état brut. Il n’existe aucun vrai lexique des gros mots. Tout dépend uniquement du lieu où on les emploie. Je prends un exemple très simple. Dans le langage médical il n’existe que la vulve pour désigner le sexe de la femme. Pour le peuple, à l’origine, c’est le con, la cramouille, la chatte, le minou, qui a donné la minette. Curieux de constater que la minette n’est pas classée dans les gros mots, alors que le minou, quand il désigne la même chose est répréhensible. (Voir Les galettes de Pont Aven, le film de Joël Séria, dont le langage est qualifié de « osé ». A un moment Marielle demande à Jeanne Goupil : « fais-moi voir ton minou »). Ici il faut bien aborder une question essentielle, celle de la différence entre le signifiant et le signifié. On doit cette distinction à Ferdinand de Saussure. Pour schématiser disons que le signifié c’est la chose elle-même et que le signifiant c’est la manière dont on en parle. Oui, je sais, la distinction est superficielle. Mais vous avez très bien compris, ne faites pas les innocents.

A partir de cette constatation, tous les développements sont permis : le bénitier, par exemple, l’autel sacré, pour les amateurs de religion, ou l’abricot fendu pour les amateurs de fruits et légumes (comme le répètent les fayots de la télé : « mangez cinq fruits et légumes par jour ». Ils ne disent pas : « mangez un abricot fendu ». Ca leur arracherait leur gueule, à ces cons !… Céline s’amuse beaucoup avec la craquette, la craquouse, et il s’amuse aussi avec le verbe « enculer » (il faudrait dire : « Sodomiser » traduction officielle de la Bible). Mais Céline ose le verbe « encuguler ». Manifestement, Ferdinand est joueur, ça s’appelle aussi « artiste ». Il admire Rabelais qui a inventé l’expression « faire la bête à deux dos ». Les vrais artistes n’utilisent pas les « lieux communs », pas les « idées reçues ». Sinon Gustave (Flaubert) va se mettre en colère.

Passons à table, maintenant. Et voyons le sexe masculin. Il est désigné par « les parties » mais les artistes sont intervenus très vite, pour embellir les choses, et on a eu « les bijoux de famille », le « service trois pièces ». Sans compter une infinité de synonymes qui ne sont pas des synonymes pour de vrai.

En résumé il faut distinguer (simplification abusive, j’en suis conscient) entre le mot et la chose. Tout dépend, disent les gens bien élevés, de « la situation de communication » où l’on est placé. On n’aborde pas un ministre, par une expression du genre : « comment vas-tu vieille crapule ? » Je trouve que c’est dommage mais c’est une opinion personnelle. Les gens du peuple comprennent par instinct. Dommage que l’on continue de les enculer à longueurs d’émissions de télévision. Il est vrai que les enculés sont souvent volontaires pour l’enculage. Tenez, je vous ai parlé en langage populaire. Ca vous a fait mal ? Non, c’est le lecteur qui pense que ça fait mal, c’est le lecteur vicieux, alors que là j’ai employé les termes vrais. Parler vrai c’est un retour à la simplicité, à la candeur. A l’innocence des premiers âges.

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