On peut distinguer très vite la différence essentielle. Je vous le dis, ça vous permettra de faire l’intéressant auprès des femmes, auprès des hommes, auprès des homosexuels, auprès des onanistes, auprès des zoophiles. Auprès de tout ce que l’humanité compte de spécialités. Ne perdons pas de temps. C’est pas compliqué. Pour ceux qui comprennent vite. Pour les lambins du cervelet, c’est plus délicat. Vous me faites perdre du temps ! En simplifiant, vous regardez une toile impressionniste, pourquoi pas « Impression. Soleil levant » de Claude Monet ? Vous avez vu ? Alors vous constatez que les couleurs constituent l’aspect principal qui frappe celui qui regarde la toile. Et les couleurs se fondent entre elles. Et finalement on ne sait plus où commence le bleu et où finit le vert. Une brume paraît devoir anéantir le paysage tout entier. Et seul, le soleil fait contraste, par la tonalité rouge, avec le flou qui plonge l’ensemble dans une sorte de climat fantomatique…On comprend alors que le paysage peint par Monet a été réalisé en plein air. Les peintres impressionnistes sortent de leur atelier et cherchent à saisir des instants, des heures du jour où les paysages sont indécis. Ils veulent peindre des moments de la journée, saisir ce qui est inexprimable. Mais vous me faites tomber dans les lieux communs. On les devine inquiets, perfectionnistes, jamais contents du résultat. Ils veulent peindre les apparences du monde naturel. On observe l’absence de contours. Contrairement à leurs prédécesseurs, les peintres académiques. Ah les malheureux, pas étonnant que beaucoup d’entre eux soient devenus fous… sans compter que les critiques bourgeois ne les comprennent pas et font exprès de ne pas les comprendre. Vincent Van Gogh, qui a débuté en s’inspirant des impressionnistes a vécu une vie impossible et s’est suicidé.
Tout autre est la démarche des peintres cubistes. Bien sûr la distinction entre les uns et les autres n’est pas aussi nette. L’un des précurseurs fut Cézanne dont la Montagne Sainte Victoire est une référence. Ensuite Braque et Picasso, mais il y en eut beaucoup d’autres. Ils cherchent à saisir, non pas les apparences mais la structure même des objets et des paysages. Ils indiquent des lignes, des sphères, des rectangles, des formes géométriques grâce auxquelles ils pensent découvrir l’intérieur des choses. Et faire apparaître les paysages sous différents angles. On est d’abord dérouté et les imbéciles pensent que ça ne ressemble à rien. Les imbéciles ont tort, comme d’habitude. Et d’ailleurs les impressionnistes et les cubistes sont également dénigrés par les critiques traditionnels. Par les défenseurs de l’ordre bourgeois. On reconnaît les tenants de l’ordre bourgeois à la stupidité dont ils sont comme prisonniers.