«En si peu de temps, c'est inédit». C'est le constat d'Ibrahim Hooper, porte-parole du Council of American Islamic relations (CAIR), face à la recrudescence des actes anti-musulmans aux États-Unis depuis les attaques de Paris et Saint-Denis. Des dizaines d'incidents contre des musulmans ou des lieux musulmans ont en effet été recensés depuis le 13 novembre. Les exemples ne manquent pas: la mosquée de Meriden, dans le Connecticut, a été la cible de tirs d'armes à feu, le centre islamique de Pflurgerville au Texas a été vandalisé. Les portes ont été couvertes d'excréments. Des graffitis ont été peints sur le mur du centre islamique d'Omaha, au Nebraska.
Se convertir avant qu'il ne soit trop tard
Dans le seul Texas, un douzaine d'actes de vandalisme a été recensée en moins de deux semaines. À Irving, une manifestation a été organisée devant le centre islamique pour dénoncer «l'islamisation de l'Amérique». À Corpus Christi, le centre islamique a reçu des appels téléphoniques appelant à se convertir au christianisme «avant qu'il ne soit trop tard».
Ibrahim Hooper déplore l'attitude de Barack Obama. Le président des États-Unis «ne s'est jamais rendu dans une mosquée», alors que, souligne le responsable de CAIR, six jours après le 11 septembre 2001, le président Bush avait visité une mosquée où il avait appelé à cesser le harcèlement contre les musulmans et les Arabes, et au respect de l'Islam.
«Je pense que la haine anti-musulmane n'a jamais été aussi forte. Cela donne une légitimité à ceux qui veulent répandre les sentiments anti-musulmans» déplore Ibrahim Hooper. Il accuse les responsables politiques de n'avoir pas de réponse à «cet essor de la haine anti-musulmane».
Imam Shamsi Ali, directeur du Jamaica Muslim center dans le Queens, à New York, juge lui que les attaques de Paris ont eu «un impact vraiment négatif» pour la communauté musulmane.
Force est de constater que les messages anti-musulmans sont largement relayés par des hommes politiques comme Donald Trump, le milliardaire qui pourrait remporter les primaires républicaines pour se présenter à l'élection présidentielle. Il a demandé le rétablissement la simulation de noyade, le waterboarding, une torture utilisée pendant les interrogatoires, pour les membres de l'État islamique, car l'organisation islamique fait bien pire: «Je pense que la simulation de noyade, c'est de la gnognotte par rapport à ce qu'ils nous font subir».
Le favori des sondages pour obtenir l'investiture républicaine à la présidence des États-Unis, préconise aussi de fermer les mosquées. Il appelle à ficher les musulmans présents sur le sol américain.