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19 décembre 2015 6 19 /12 /décembre /2015 10:23

La COP21 s’est terminée sur un accord qu’on nous a présenté comme « historique ». Vous qui n’êtes pas « climatosceptique », comment l’interprétez-vous ? Simple raout mondain et mondialiste ? Ou prise de conscience du fait que les problèmes planétaires ne peuvent finalement se résoudre qu’à cette même échelle planétaire ?

La question du climat (ou plus exactement des climats, car il n’y a pas qu’un seul et unique climat terrestre) est une question extrêmement complexe, et j’ai personnellement beaucoup de mal à prendre au sérieux l’« opinion » de ceux qui n’ont pas, en la matière, consacré au moins quelques dizaines d’heures à l’étude du dossier. De toute façon, que ce réchauffement soit ou non d’origine anthropique, il va bien falloir y faire face. L’objectif, vous le savez, est de maintenir en dessous de 2 °C le niveau de réchauffement climatique par réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’en 2020. Les participants à la COP21 sont convenus d’y parvenir « dans les meilleurs délais », ce qui ne veut rien dire. De plus, les 187 pays représentés, dont les intérêts divergents se sont affrontés jusqu’à la dernière minute, n’ont accepté de signer l’accord final qu’à la condition qu’il ne soit pas juridiquement contraignant. Comment pourrait-il l’être, d’ailleurs ? Qui pourrait imposer les décisions prises aux États les plus forts et les plus pollueurs ? S’imagine-t-on qu’il existe des moyens de contraindre les Américains ou les Chinois à respecter un accord international ?

Le texte de l’accord est en fait clairement schizophrène. D’un côté, les pays signataires veulent réagir au réchauffement climatique – souci louable. De l’autre, ils adhèrent dans leur immense majorité aux thèses des économistes libéraux qui veulent augmenter sans cesse la production industrielle et les échanges commerciaux, encourager le tourisme de masse, fonder les économies sur les « avantages comparatifs » de chaque pays, etc. En d’autres termes, ils sont convaincus des vertus d’un capitalisme qui tend à supprimer tous les obstacles susceptibles de ralentir la fuite en avant dans le productivisme. D’un côté, ils veulent « sauver la planète », et de l’autre conserver ce qui la détruit. Il y a là de quoi rester sceptique sur les résultats que l’on peut attendre de cette grand-messe de l’expertocratie.

Durant la COP21, on a longuement parlé du réchauffement climatique, mais on n’a pas dit un mot des pollutions industrielles, de l’agriculture aux pesticides, de la déforestation, de la désertification, etc. Serions-nous passés à côté d’enjeux autrement majeurs ?

Ce n’était pas le sujet, mais vous avez raison d’en parler. On n’a pas non plus parlé de la croissance démographique, qui a toutes chances d’entraîner des migrations de masse de plus en plus incontrôlables. Pas un mot, non plus, des transports maritimes et aériens (taxer le kérosène nuirait aux intérêts des fabricants d’avions), pas d’indications sur les mécanismes de formation du prix du carbone, etc. De toute évidence, ce que les participants ne parviennent pas à intégrer, c’est la notion de limite, c’est l’idée que la nature impose des limites indépassables au développement. Cela ne fait pas partie de leur culture parce qu’ils adhèrent au « toujours plus » et qu’ils le confondent avec le « toujours mieux ». Ils ne se rendent pas compte que la véritable question qui se pose n’est pas de savoir si la planète peut être « sauvée », mais si la civilisation peut survivre à sa rencontre avec les limites que lui impose la nature.

​Lire la suite de l'interview d'Alain de Benoist

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