Le « travailleurmodeste ». En un seul mot comme si le travailleur avait choisi d’être modeste. De disposer d’un revenu modeste. Car l’adjectif « modeste » est une épithète de nature. Une épithète homérique. Une épithète qui place le travailleur au niveau d’un héros de l’Antiquité. L’adjectif est intégré au substantif comme je l’ai entendu prononcer à la radio. Il appartient donc à cette nouvelle catégorie de mots créés artificiellement par la novlangue. On attend maintenant le « ministrescroc ». Au fait avez-vous passé le « bachi bac » ? Avez-vous joué au « speed dating » ? Au « géocaching »? Fréquentez-vous les « bars à chicha » ? Vous pourriez y fumer le narguilé. Je vois que vous n’êtes pas dans le coup. Vous méprisez « le vivre ensemble » ! Votre cas est grave. Lors d’une émission consacrée à Jacques Tati, sur Arte, on a pu revoir l’émission « Lectures pour tous » et Roland Barthes, interrogé par Pierre Dumayet, répondait à propos de son ouvrage « Mythologies » (1957), sur la « Nouvelle Citroën» et le « Plastique ». Barthes évoquait alors la magie d’une automobile parfaite, « tombée du ciel », et la même magie se retrouvait dans le plastique. Le plastique est en somme un trompe l’œil, Barthes utilise le mot « simili ». Il ajoute que le simili a toujours marqué de la « prétention », et Barthes ajoute qu’il fait partie « d’un monde du paraître, et non de l’usage ». Il est historiquement « bourgeois » comme la Déesse participe de la « promotion petite bourgeoise ». En langage populaire on pourrait dire que le bourgeois veut péter plus haut que son cul. Montaigne disait, au 16ème siècle : « sur le plus haut trône du monde on n’est jamais assis que sur son cul ». (Essais livre III chapitre 13)