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26 décembre 2015 6 26 /12 /décembre /2015 10:19

Un Conseil européen s’est tenu à Bruxelles jeudi et vendredi dernier. Il a amené son lot de surprises dans une actualité surchargée. Plusieurs coups de force sont passés inaperçus. Ils méritent pourtant bien d’être signalés, tant le divorce est béant entre l’apparente désillusion des peuples et les décisions prises en catimini sans contrôle démocratique :

La Turquie, kapo suprême du stalag européen

Le Conseil européen rappelle et réitère l’absurde stratégie dite de « hotspots », c’est-à-dire de camp de réfugiés, en Turquie et en Grèce. Alors que la Grande-Bretagne fait majoritairement le choix d’aider les camps de réfugiés près de la frontière syrienne, l’Europe incite ces réfugiés à se rendre en Turquie où ils seront enregistrés, identifiés (vaille-que-vaille) puis triés pour les commandos de travail. Cette politique donne un rôle essentiel et même critique dans la maîtrise des flux migratoires vers l’Europe. On sait, dans la foulée de l’enquête sur les attentats du 13 novembre, que ces flux servent aussi à déstabiliser les démocraties, et spécialement la France, puisqu’ils facilitent l’acheminement de tueurs islamistes dans l’espace Schengen. Les nombreux voyages d’Abdeslam vers les frontières où les migrants passaient l’ont prouvé.

Pourquoi l’Europe persévère-t-elle dans cette politique dangereuse (et dénoncée comme telle par ce blog depuis 4 mois)? Parce que l’Allemagne a besoin de son lot de main-d’oeuvre qualifiée mais peu chère, et elle a délégué à la Turquie le rôle de recruteur du camp, comme, en leur temps, les kapos.

La création de garde-côtes européens

Le même Conseil européen décide de créer un corps européen de garde-côtés, chargé du contrôle des frontières de Schengen. On est heureux d’apprendre la création de cette force auxiliaire sans aucun débat avec les populations européennes. Dans la pratique (et pour que les choses soient bien claires) ce corps de garde-frontières transfère à une force dirigée par Bruxelles le contrôle des frontières nationales pour les pays des marches continentales.

Voici un beau transfert de souveraineté qui n’émeut personne, semble-t-il.

Mise en place du PNR

Le Conseil européen a également décidé d’accélérer l’adoption et la mise en oeuvre de la directive PNR, ainsi que son extension à l’ensemble des vols intra-européens. Plus un passager ne pourra voyager entre Berlin et Vienne ou entre Amsterdam et Paris sans faire l’objet d’un fichage international, qu’il soit soupçonné de terrorisme ou non.

Le retour des contrôles aux frontières

Le Conseil Européen a préconisé le retour des contrôles systématiques d’identité aux frontières, y compris pour les ressortissants de l’Union Européenne. Voilà qui sent le roussi pour Schengen.

L’Europe de la finance

Le Conseil a également réaffirmé sa volonté d’achever l’Union Economique et Monétaire par la mise en place de l’Union bancaire, ainsi que par la mise en place d’une gouvernance budgétaire de l’Union. Un point d’étape devrait être réalisé sur ce sujet en juin 2016.

Le TTIP

Le Conseil a réaffirmé son intention d’aboutir rapidement sur le TTIP. L’objectif affiché est d’aboutir à un accord dans les meilleurs délais.

Discussion sur le Brexit en février 2016

Le texte prévoit une discussion au conseil de février sur les aménagements que les Européens accepteraient pour éviter un referendum sur le « Brexit ». L’Allemagne serait à la manoeuvre sur ce sujet et s’opposerait toujours à l’interdiction des allocations en Grande-Bretagne pour les migrants ayant moins de 4 ans d’ancienneté sur le territoire.

Soutien à la politique américaine en Syrie

Le texte se termine par un appel au départ de Bachar El-Assad et un soutien de fait à la politique américaine en Syrie.

North Stream suspendu

On notera que les anciens pays d’Europe de l’Est se sont opposés à la validation du projet North Stream, qui vise à alimenter l’Allemagne en gaz russe sans passer par chez eux. Ce projet est perçu comme une main tendue à la Russie et comme une mise en cause de l’indépendance énergétique (très théorique) de l’Union.

Bruits de bottes et sédition en Pologne

Enfin, on rappellera que ce sommet s’est tenu dans un contexte de tension avec la Pologne et en Pologne elle-même. Le gouvernement nouvellement élu suscite en effet des scissions internes avec sa politique de reprise en main du Tribunal Constitutionnel. En outre, l’armée polonaise semble avoir délogé par la force un centre de renseignement de l’OTAN.

Les tensions sont donc extrêmement fortes dans les pays de l’Union, avec des gouvernements qui font la sourde oreille à la situation et imposent en catimini de nouveaux transferts de souveraineté.

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