La Russie a remis aux membres du Conseil de sécurité de l’Onu un rapport de renseignement sur les activités de la Turquie en faveur des jihadistes opérant en Syrie [1]. Ce document livre une dizaine de faits qui, chacun, viole une ou plusieurs résolutions du Conseil.
Ce faisant, la Russie place le Conseil devant ses responsabilités et, par extension, plusieurs autres organisations inter-gouvernementales. En droit, le Conseil devrait demander les preuves correspondantes à ces assertions et convoquer la Turquie pour explications. Dans le cas où la culpabilité de la Turquie serait établie, il devrait décider des sanctions à prendre sous le chapitre VII de la Charte, c’est-à-dire en recourant à la force. De leur côté, l’Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord et l’Organisation de la coopération islamique devraient exclure de leurs rangs cet État-voyou, tandis que l’Union européenne devrait cesser les négociations d’adhésion.
Cependant, une lecture attentive du rapport de renseignement russe montre que les faits allégués sont susceptibles d’ouvrir bien d’autres dossiers et de mettre en cause d’autres puissances. De sorte qu’il est plus probable que l’on ne discutera pas publiquement ce rapport, mais que l’on négociera à huis clos l’avenir de la Turquie.