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27 février 2016 6 27 /02 /février /2016 10:50

Mon grand père ne s’entendait pas très bien avec Jeanne d’Arc. J’en suis désolé…

C’était pourtant une brave enfant, pas fière et dure à la tâche. Mais mon grand père lui répétait toujours :

- « T’as pas fait les tranchées en 14… t’es rien qu’une gonzesse… t’as jamais été poilue… t’as pas de poils à la chatte… »

Jeanne, on l’oublie trop souvent, n’avait pas de poils à la chatte, et, en plus elle n’avait pas fait la guerre de 14… C’était humiliant, pour mon grand père, d’être commandé par une ado, en plus une gonzesse, qui s’était trompée d’ennemi :

- « Tu veux massacrer des Angliches… tu te goures, fillette, fillette… le vrai ennemi c’est les Boches… c’est fini, la guerre de cent ans… »

Mon grand père imitait la voix de Juliette Gréco. Alors Jeanne était complètement désorientée, perdue dans les livres d’histoire. Elle ne savait plus où donner de la tête… elle s’était trompée de siècle ! Erreur fatale quand on veut massacrer ses contemporains. On risque la fusillade pour l’exemple. Jeanne a été tondue à la fin de la guerre de cent ans. On ne le sait pas suffisamment. Et accusée de haute trahison. Intelligence avec l’ennemi. Elle a été condamnée à la confiscation de ses biens, pour moitié. Comme elle avait quatre moutons, elle a dû en donner deux. Jeanne pleurait beaucoup.

Mon grand père n’appréciait pas Gilles de Rais, un compagnon de Jeanne.

Il faisait exprès de prononcer « Gilles de Raie ». Il prétendait qu’à l’oral ça ne s’entendait pas. Mais Jeanne ne l’entendait pas de cette oreille. Jeanne d’Arc avait en effet l’ouïe très fine. Et de très grandes oreilles. Surtout l’oreille droite.

Sinon, elle n’aurait pas pu entendre la voix de Dieu.

En plus, mon grand père taquinait Jeanne. Il lui disait :

- « Jeanne, ma petite Jeannette, on est en été, pourquoi tu prends pas une robe légère, comme font les vraies femmes ?... »

Or, Jeanne était susceptible, les historiens n’ont pas suffisamment insisté sur cet aspect du caractère de Jeanne. Elle répondait à mon grand père :

- « Alphonse, tu commences à me faire chier. Je prendrai une robe légère quand je voudrai et si je veux… Alphonse tu veux que je te dise ce que tu es…

- Je te vois venir avec ton heaume et ta cuirasse…

- T’es un gros macho ! Si ça se trouve, t’es vexé parce que tu vois que les nanas elles peuvent être aussi efficaces que les hommes, dans un régiment…

Mon grand père ne s’avouait pas vaincu. Il faisait alors des remarques désobligeantes sur les vêtements en ferraille. Il disait notamment :

- « T’as des habits qui rouillent… y faudra bien que tu dérouilles.. »

Mon grand père disposait d’un lexique très vaste. Il connaissait même la jeannette avant son invention. Sa plus humiliante plaisanterie concernait la virginité de Jeanne. Il insinuait qu’avec un prénom pareil elle ne pouvait plus être vraiment vierge. Et il avait des arguments :

- « Jeanne, qu’il lui disait, mon grand père Alphonse… on t’appelle Jeannette et tu sais même pas pourquoi… je vais te faire une révélation. Une jeannette, c’est une planchette à repasser et ce sera inventé dans cinq siècles… mais on peut dire que dans ton cas, c’est que les guerriers ils t’ont passé et repassé dessus… et avec leurs armures… et leurs braguettes en fer… »

Jeanne était vexée, profondément humiliée.

Et Jeanne d’Arc, quand elle était vexée, elle entendait encore la voix de Dieu, mais la sono n’était pas suffisamment forte.

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