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12 mars 2016 6 12 /03 /mars /2016 10:04

Je me souviens de mon grand-père quand il avait refusé de se laver les pieds.

Au début, on lui avait fait des remarques désobligeantes et très vite, on lui avait donné des conseils.

Mais mon grand-père refusait avec un tel entêtement que, très vite, on cessa de le harceler. Et finalement on lui a foutu la paix avec cette histoire de pieds. Mieux même, il devint célèbre dans un rayon de 300 kilomètres.

Au moins.

On disait, dans un rayon de 300 kilomètres autour de mon grand-père :

-« … tu connais Alphonse, le grand-père qui ne s’est jamais lavé les pieds ?... »

Et on l’admirait, Alphonse, à cause de ce détail dans les habitudes de l’hygiène corporelle. Car, finalement, ce n’est qu’un détail.

Et un détail, qui, non seulement l’avait rendu célèbre, mais qui semblait le maintenir en vie plus longtemps que ses contemporains. En effet, on le vit passer le cap des cent ans, et toujours on ne le décidait pas à se laver les pieds. Il répondait avec beaucoup de logique :

-« … j’ai passé les cent dix ans et vous, vous rendez la main bien plus tôt que moi… vous rendez l’âme à 75 ans, à 90 ans… et moi je tiens encore le coup et me voilà à plus de cent dix ans… cent trente exactement… »

Vous voyez je ne vous raconte pas des histoires… C’est lui-même qui a répondu. Lui-même en personne, Alphonse, mon grand-père…

Je me permets une anecdote plaisante pour illustrer mon propos ?… oui, vous êtes d’accord, la preuve vous n’avez pas protesté. Alors allons-y pour l’anecdote plaisante. Vous ne le regretterez pas…

Un jour, mon grand père était allé chez le médecin. Il avait un ongle incarné (ne le racontez pas, s’il savait que je raconte ses maladies, mon grand père serait vexé).

Je me souviens que c’était au pied droit qu’il avait l’ongle incarné.

Attendez, c’est pas fini !

Alors mon grand père, il a refusé de se laver le pied gauche.

Arrivé chez le médecin, il lui a dit : « c’est le pied droit… »

Et comme le médecin prétendait lui examiner les deux pieds, il avait eu cette réponse, qui est restée célèbre dans un rayon de trois cents kilomètres. La voilà, la réponse :

-« …le pied gauche, t’as pas le droit… je suis un homme libre… je suis pas allé à Vannes, à Poitiers ni à Verdun pour me laisser emmerder par un trou du cul comme toi »…

Et c’est vrai qu’il l’avait, sa fierté, mon grand-père Alphonse.

Ce que j’admire dans l’argumentaire de mon grand-père Alphonse, c’est la pertinence de son raisonnement. En effet, la supériorité d’Alphonse est indiscutable puisqu’il est allé à Vannes, à Poitiers et à Verdun.

Personne ne pourra plus jamais aller à Verdun, dans les conditions où mon grand-père s’y est trouvé. Ou alors il faudrait réactiver une guerre mondiale et, en dépit des moyens techniques qui sont maintenant à notre disposition, et même si ça paraît facile, du point de vue de la technologie, il faudrait également trouver des volontaires pour la guerre de tranchées.

Or, les hommes sont devenus douillets.

Les médecins eux-mêmes n’expérimentent pas les blessures qu’ils sont appelés à soigner.

Donc, Alphonse a raison de mépriser les médecins.

Alphonse impose sa loi aux médecins !

Qui oserait, en 2014, le contredire ? A une époque où les médecins sont devenus des femmelettes qui, la nuit notamment, redoutent la présence de l’arabe dans les cités.

Alphonse était un chevalier sans peur. Il ne redoutait ni l’arabe, ni le boche.

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