La fin de l’élevage bovin en Europe ?
Le secteur de l’élevage européen, déjà frappé par la crise agricole, apparait particulièrement vulnérable. Certains évoquent même une disparition pure et simple de l’élevage bovin dans de nombreux pays européens. Les importations de bœufs des États-Unis ont jusqu’ici été limitées, du fait de l’interdiction du bœuf aux hormones et d’un contingent d’importation défini pour le bœuf non traité aux hormones. « Mais les pressions pour lever cette interdiction se sont multipliées », note le rapport [2].
La menace est d’autant plus sérieuse que le traité de libre-échange avec le Canada – le CETA, déjà finalisé, qui doit être ratifié cet automne – prévoit déjà des importations accrues de bœuf canadien en Europe. Une augmentation des quotas d’importation qui pourrait provoquer « une chute de revenu de 40 % à 50 % pour (…) les producteurs européens de bovins », selon Interbev, l’interprofession bétail et viande (lire à ce sujet : CETA : l’accord commercial qui menace les filières locales).
Lourd impact sur l’élevage de volailles et de porcs
Les questions relatives au bien-être animal ont par ailleurs été exclues du Tafta. Or, les normes de bien-être animal sont généralement plus faibles aux États-Unis. Les importations de viandes de volaille des États-Unis ont jusque-là été limitées, l’Union européenne interdisant les « rinçages de réduction des pathogènes » sur les produits volaillers. « L’inquiétude est pourtant forte de voir la Commission européenne préparer le terrain pour une autorisation de ces rinçages chimiques », prévient le rapport. Les groupes de pression travaillent également à l’élimination complète des tarifs douaniers qui provoquerait « une baisse du secteur européen des "viandes blanches", allant jusqu’à 9 % dans les pays baltes ».
Le secteur porcin pourrait lui aussi être gravement affecté. La levée de l’interdiction de la ractopamine, des hormones de croissance utilisées dans les élevages de porcs, est sur la table des négociations. « Les exploitations françaises de type “naisseur” (élevages herbagers extensifs) doivent supporter un surcoût de 29 % par rapport à leurs concurrentes américaines, disséminé principalement sur la main-d’œuvre, l’équipement, les frais vétérinaires et les bâtiments », observe Interbev. Pour réaliser une telle performance, une grande partie des éleveurs américains recourent à des méthodes industrielles : 39 % de la production états-unienne provient de parcs d’engraissement de plus de 32 000 bovins !