Le seizième sommet de la Francophonie va réunir une quarantaine de chefs d’états à Tananarive.
Il y a 274 millions de francophones dans le monde dont 212 feraient un usage quotidien de la langue française.
L’Organisation internationale de la Francophonie regroupe 80 États. Le français est la troisième langue des affaires (la seconde en Europe). C’est aussi l’une des deux langues des organisations internationales.
Et pourtant…
Remercions les Malgaches qui parlent encore notre langue car il faut pour cela une fidélité obstinée.
Pas seulement parce que les Anglophones mènent une guerre d’usure pour évacuer progressivement l’usage du français comme au Québec où la résistance est un combat quotidien. En France, les capitulations se succèdent. L’influence de la radio et de la télévision est grande avec les « newsroom », « live », les « team », « show », « morning live », ou l’horrible « hashtag ». Mais les grandes enseignes et organismes publics ne sont pas en reste avec leur « newsletter ».
La page « facebook » intitulée « Globish » relève presque chaque jour des exemples de cette soumission consentie.
Il ne s’agit pas ici de se lamenter sur le langage courant qui a depuis longtemps intégré des mots anglais devenus inévitables comme les jeans et les tee-shirts, ou francisés par l’Académie comme le fioul. Il est ici question de l’accélération d’un processus inspiré par la fascination d’un langage mondial unique, de l’usage d’anglicismes, parfois de phrases entières (ou partiellement) en anglais.
Les écoles de management ne célèbrent plus leur anniversaire mais un « happy birthday » et forment des commerciaux et publicitaires qui, chez Carrefour, nous proposent des « deal » ou chez Habitat remplacent la literie par le « Bedding ». Le parfumeur Nocibé nous souhaite un joyeux « birthday » (en gardant un « happy » anniversaire pour l’an prochain ?) et Marionnaud dit aux mères qu’elles sont « born to be a beautiful maman ». Le commerçant doit organiser sa boutique en faisant du « zoning ».
Le monde du Jazz est un des plus atteints. Les artistes sont très attachés à l’exception culturelle française, surtout pour la diffusion sur les ondes et le statut d’intermittent, mais les enregistrements se font avec des « friends » ou des « guests ». On ne rend pas hommage mais « tribute to ».
Nous consoler en rappelant que des mots anglais ont une origine française ne suffit pas et on attend une liste significative d’exemples.
À défaut, on nous dit qu’il faut vivre avec son temps, et qu’il est ringard de tenir à sa langue maternelle alors qu’un baragouin globish est approximativement compris par tout le monde. Eviter « l’overdose » de « burn out » dans « l’open space » ferait trop « old school ».
Les défenseurs de notre identité culturelle doivent réaliser qu’il y a une autre forme de soumission à un autre genre d’invasion.