L’Electronic Intifada a parlé avec Clemens Messerschmid, qui travaille dans le secteur de l’eau dans toute la Cisjordanie et la Bande de Gaza depuis 1997, à propos du manque d’eau provoqué pour les Palestiniens de Cisjordanie.
Charlotte Silver : La pénurie d’eau dans la zone est-elle la cause de la crise de l’eau en Cisjordanie ? Ou cette pénurie est-elle provoquée ?
Clemens Messerschmid : Bien sûr, il n’y a pas de pénurie d’eau en Cisjordanie. Ce dont nous souffrons, c’est d’une pénurie induite – cela s’appelle l’occupation. C’est le régime imposé aux Palestiniens immédiatement après la guerre de juin 1967. Israël gouverne via des ordonnances militaires, dont le résultat direct et intentionnel est de maintenir les Palestiniens à court d’eau. Il ne s’agit pas d’une dépossession graduelle continue comme avec la terre et les colonies, mais ce fut réalisé d’un seul coup en août 1967 par l’Ordonnance Militaire N° 92.
La Cisjordanie possède une ample nappe phréatique. La pluviosité est élevée à Salfit, au nord de la Cisjordanie, maintenant connue pour ses sévères coupures d’eau.
La Cisjordanie a la grande chance de posséder un trésor : sa nappe phréatique. Mais c’est aussi sa malédiction, parce qu’Israël l’a immédiatement ciblée après avoir pris le contrôle.
Ce dont nous avons besoin est simple : des puits dans la nappe phréatique pour avoir accès à ce trésor. Mais l’Ordonnance Militaire N° 158 interdit strictement les forages ou tous autres travaux aquifères, y compris les sources, canalisations, réseaux, stations de pompage, bassins d’irrigation, réservoirs d’eau, simples citernes de collecte d’eau de pluie qui recueillent la pluie qui tombe sur son propre toit.
Tout est interdit, ou plutôt rien n’est « autorisé » par l’Administration Civile, régime israélien d’occupation. Même réparer et entretenir les puits exige des permis militaires. Et nous ne les obtenons tout simplement pas.
C’est un cas pur et simple d’hydro-apartheid – qui va bien plus loin que n’importe quel régime dont j’aie eu connaissance dans l’histoire.