Reconnue coupable d’avoir provoqué des dommages environnementaux et humanitaires pendant des décennies, Chevron avait été condamnée par le tribunal de la province équatorienne de Sucumbios à verser 19 milliards de dollars à l’Association des victimes de Texas-Chevron. Mais Chevron est habile, et pas uniquement pour se dérober à la justice. Comme si cela n’était pas suffisant, le groupe a intenté un procès contre l’État équatorien avec l’aide d’un tribunal arbitral affilié à la Banque Mondiale. Chevron s’est ainsi vu verser 112 millions de dollars d’indemnisation en juillet 2016. Pablo Fajardo, avocat et défenseur historique des peuples amazoniens devant les tribunaux face à Chevron souhaite alerter sur l’absence d’outil capable de soumettre les entreprises transnationales à la justice. Il soutient aussi l’idée d’un « traité contraignant» mise en avant par un groupe de travail des Nations Unies afin de mettre fin à cette impunité. « Le cœur de notre affaire n’est absolument pas les réparations économiques. Il s’agit de dommages environnementaux, il s’agit des peuples indigènes ».
L’extraction pétrolière a touché cinq nationalités indigènes différentes dans la seule province de Sucumbios, alors que les indigènes ne sont pourtant pas majoritaires dans cette région. En effet, la plupart des personnes affectés sont des colons. Des travailleurs pétroliers mais aussi des commerçants, agriculteurs, employés, etc. Ce sont eux et leurs enfants qui ont le plus été affectés par la pollution de Chevron. Selon une étude, le nombre de personnes décédées d’un cancer dans les provinces de Sucumbios et d’Orellana à la suite d’une contamination de l’environnement provoquée par Texaco s’élève à 1 041 victimes, chiffre que les plaignants estiment inférieur à la réalité.