Michèle Marchand, mise en examen pour blanchiment aggravé, est incarcérée en mars 2003 à la prison de Fresnes. L’affaire se soldera par un non-lieu prononcé en novembre 2008. Elle obtiendra d’être floutée dans le documentaire Les Méthodes choc des paparazzis (Canal +, 2009) où elle apparaît au tribunal correctionnel, sa seule apparition filmée connue.
Notons que Michèle Marchand a recours aux services du cabinet d’avocats de Francis Szpiner lors de ses démêlés successif avec la justice, comme lors du placement en redressement judiciaire, le 6 février 2006, de Shadow & Cie. La protégée de Régine devait bientôt rebondir avec People Press, puis s’associer à Cédric Siré, ancien directeur de la communication de Capgemini, dans Pure People, le site Internet à l’origine de la publication, en 2008, de la photo de Rachida Dati – sa « grande copine » – enceinte, puis les photos du couple présidentiel à Disneyland Paris. Notons qu’à l’époque, Pierre-Jérôme Henin, un de ses anciens stagiaires de Voici, occupait le porte-parolat de l’Élysée. « L’éminence grise de la presse people » (Le Monde), proche de Carla Bruni, a été membre des grands donateurs de l’UMP, toujours au premier rang des meetings de Nicolas Sarkozy jusqu’à la primaire de l’automne dernier, toujours assise à côté de « Carla ».
Ayant revendu ses parts dans Pure People en 2010, elle rachète l’agence de Daniel Angeli, « roi des paparazzis » (elle a récupéré au passage ses archives), dont elle a fait Bestimage, la principale agence de photos en France, fournissant aujourd’hui un tiers des couvertures d’hebdomadaires et comptant comme client la quasi-intégralité de la presse sur papier glacé (Paris Match, Gala, Voici, Closer, Ici Paris, etc.). Elle a surtout propulsé une de ses protégées, Laurence Pieau, issue du Figaro Magazine et connue à Voici, qu’elle a accompagnée au lancement de Public (avec Nicolas Pigasse, frère du banquier Matthieu Pigasse), puis de Closer en 2005. Depuis, l’ombre de la « papesse de la presse à scandale » (Elle) plane sur nombre de révélations, comme celle, dans Closer, de la liaison de François Hollande avec Julie Gayet (photographiés par Sébastien Valiela, dont elle est le témoin de mariage), de l’outing de Florian Philippot, etc. « Ce coffre blindé de secrets qu’elle livre ou retient au gré de ses coups de cœur et de ses intérêts […] a désormais sa place dans l’establishment. […] Elle déjeune avec Xavier Niel, Ramzi Khiroun, le bras droit d’Arnaud Lagardère ou Bernard-Henri Lévy, au Ritz. […] Il l’a appelée un jour paniqué après avoir été paparazzé à New York : dans l’heure tout était réglé. Pour ceux-là et pour quelques autres, Michèle Marchand est un bouclier » (Vanity Fair).
Alors que les bruits sur l’homosexualité d’Emmanuel Macron s’amplifiaient et que la parution de photos compromettantes dans Closer paraissait imminente, Xavier Niel, PDG d’Iliad, copropriétaire du Monde, au cours d’un dîner avec les Macron, leur recommande les services de « la Mata Hari des paparazzis » (Le Monde), avant d’organiser une rencontre dans son hôtel particulier du Ranelagh quelques mois plus tard : « Il arrive souvent qu’[il] recommande Mimi à des amis soucieux de protéger leur vie privée. Il connaît l’étendue de ses qualités et de son circuit interne qui branche toutes les lignes intérieures de l’Élysée à Beauvau, du Canard enchaîné à BFMTV. » Depuis, toute la presse aura été abreuvée par les photos d’un couple idyllique vendues par « Mimi » et Bestimage. C’est encore elle qui a convaincu Emmanuel Macron de court-circuiter « l’affaire Mathieu Gallet » (vraisemblablement entretenue par le banquier homosexuel Philippe Villin) lors d’un discours à Bobino en février dernier. Ces derniers mois, son dévoué Sébastien Valiela a suivi Manuel Valls, Jean-Luc Mélenchon, Marion Maréchal-Le Pen ou encore François Fillon, tandis que Michèle Marchand multipliait les publireportages sur Emmanuel Macron et « scoops » gênants pour ses adversaires.
« Mimi offre aux Macron de s’occuper de leur image. Allez, la tranquillité vaut bien quelques photos posées, choisies et retouchées en bonne intelligence. [ …] Avec “Brigitte”, la ligne fonctionne désormais vingt-quatre heures sur vingt-quatre. » (Vanity Fair).