Le sujet de l’épreuve anticipée de Français au baccalauréat pour l’Académie d’Orléans-Tours comportait donc une erreur, en dépit des vérifications effectuées par tous les spécialistes les plus pointus, des commissions les plus sérieuses, composées des enseignants les plus lourdement équipés en diplômes.
Je précise en toute tranquillité que cette erreur n’était pas le fait des services du Rectorat d’Orléans, que je félicite servilement, car ils sont formidables ! Ah ! ce ne sont pas eux qui auraient laissé passer une erreur en ce qui concerne “ l’Argent ”, d’Emile Zola.
(Par contre, pour ce qui est du mien, d’argent, puis-je vous rappeler, Chers Services du Rectorat, que vous m’en devez encore un peu, et que j’attends de vous une marque de sympathie en forme de virement sur mon modeste compte à la Caisse d’Epargne ?)
Voici donc la phrase, au bas d’un texte, cherchez-la, l’erreur :
“ Emile Zola. L’Argent. 1851 ”
Je vous laisse une minute...
Vous avez trouvé ? Bravo !
Eh ! oui !… Emile, ce brave Emile, qui paraît avoir été créé par Dieu pour fournir des sujets au bac, est né en 1840. Il aurait donc eu onze ans, lors de la publication de son oeuvre. C’est un peu jeune pour parler d’argent. A onze ans, on fait sa communion solennelle et on pense au petit Jésus, qui est tout là-haut dans le ciel, si haut qu’on ne le voit pas très bien mais patience !
Donc, “ L’Argent ” n’a été publié qu’en 1891.
Afin d’instruire les concepteurs du baccalauréat, pour que de semblables mésaventures ne se reproduisent pas trop souvent, précisons donc quelques points de littérature sur des sujets divers, que je prends comme ça, au hasard.
Et d’abord, Emile Zola, que de nombreux candidats au bac appellent familièrement Mimile, n’a rien à voir avec le vrai “ Mimile ”, le sympathique propriétaire du restaurant “ Chez Mimile ” à Argenton sur Creuse. (et probablement en de nombreuses autres villes de France !)
De même, lorsque Zola est précédé de Gorgon (Gorgonzola) il ne s’agit nullement d’un frère anglo-saxon du grand romancier. Il en va de même pour Marcella Zola, qui n’est pas sa soeur, mais un accordéoniste (Marcel Azzola) immortalisé par Jacques Brel (“ Chauffe Marcel !).
Dans le même ordre d’idées, Diderot, l’initiateur de l’Encyclopédie, ne se prénommait pas du tout “ Parking ”, contrairement à ce que croient de nombreux habitants de Châteauroux. Le parking Diderot ne doit pas faire oublier son prénom, “ Denis ”.
Ce Denis n’a aucun lien de parenté avec la fameuse “ Mère Denis ”, qui n’est pas non plus en famille avec Denis Papin, Blésois comme Jack Lang mais inventeur, lui, de la machine à vapeur. Entre parenthèses, ce Papin ne pratiqua jamais le football, et Pépin, qui fut Bref (715-768) et fils de Charles Martel, tout en étant père de Charlemagne, n’a strictement aucun rapport avec tous ces zigotos-là. Ce Bref épousa Berthe au Grand Pied, ce qui prouve d’une part que les extrêmes se touchent (enfin, de temps en temps !) et d’autre part que l’Amour est aveugle.
Heureusement d’ailleurs, car sinon il y aurait un sacré nombre de “ laissés pour compte ” à la loterie de la vie ! (belle image, ma foi !)
Profitons-en pour instruire les Berrichons par un procédé qui leur permettra de mémoriser les “ philosophes ” du XVIIIè siècle : à Châteauroux, les auteurs du siècle des Lumières portent tous un nom de parking : Diderot, Jean Jacques Rousseau, Voltaire. Normal, ce sont en quelque sorte les lampadaires du peuple.
Manque Montesquieu.
Il serait instructif, pour l’éducation du peuple sus-nommé, de créer au plus vite un parking Montesquieu. Je fais solennellement ma demande à Jean Yves Gateaud, premier magistrat de la commune.
Rolland HENAULT (paru dans « la Bouinotte », 1997)