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15 juillet 2017 6 15 /07 /juillet /2017 10:38
Diffusé dans “Complément d'enquête”, le documentaire “Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien” vient d'être récompensé du prix Albert Londres dans la catégorie audiovisuelle. Retour sur l'élaboration de ce reportage avec ses auteurs, les journalistes Tristan Waleckx et Mathieu Rénier.

 

A la différence des derniers documentaires récompensés par le prix Albert-Londres, « Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien », est à cheval sur l’actualité française et sur le grand reportage avec des séquences frappantes tournées au Cameroun notamment.

Nous sommes en contact avec les gens qui ont témoigné dans notre film, en particulier ceux qui travaillent dans les plantations. Depuis la diffusion, il s’est passé pas mal de choses. Les mineurs n’y travaillent plus. Il y a maintenant une vérification systématique des pièces d’identité sur les plantations, ce qui n’était pas le cas lors de notre tournage. Les ouvriers ont reçu un équipement de protection (des bottes, des gants). Evoquer Vincent Bolloré échappe au cadre stricto français. Plus de trois quarts du chiffre d’affaires de son groupe est réalisé en Afrique. C’est en cela que ce personnage est intéressant. Il nous dit énormément de choses sur le développement de ce continent, sur le rappport à la liberté de la presse en France mais aussi à l’étranger. Cette dimension internationale met en lumière un certain nombre de ressorts : la façon dont il arrive à obtenir toutes ses concessions portuaires dans le monde, comment il développe un incroyable réseau d’influences pour obtenir des marchés, les conditions de travail dans ses plantations, la façon dont ses outils d’information peuvent lui servir d’outils d’influence… C’est un sujet multifacettes qui va au-delà de la polémique sur Canal+, les Guignols ou iTélé.

 

Ce film a été diffusé à deux reprises sur France 2 en 2016.  Comment a-t-il réagi ?

Il y a eu plusieurs étapes. La première diffusion (le 7 avril 2016) n’a pas provoqué de réaction directe de Vincent Bolloré. On a même eu des retours assez positifs de son entourage, des textos de félicitations. On se disait « finalement, il n’est pas si méchant que cela avec les journalistes…». Dans plusieurs passages de notre film, on reconnaît que c’est un industriel exceptionnel. Paradoxalement, les passages sonores les plus ravageurs viennent, non pas de ses « ennemis », mais de son entourage, quand Philippe Labro, son conseiller média de toujours, confirme qu’il a bien déprogrammé le documentaire sur le Crédit mutuel sans argumenter, quand Alain Minc nous dit que son ami découvre la « liberté éditoriale », ou encore quand Ange Mancini parle de lui comme du chef d'un « camp de Gitans»… La première réaction publique est venue plus tard, en juin 2016, lors d’une assemblée générale devant les actionnaires de son groupe : Vincent Bolloré a prétendu qu’on avait bidonné le sujet et que les mineurs dans les plantations de palmiers à huile gérées par Socapalm, qui fait partie du groupe Bolloré, « avaient été payés » pour dire qu’ils étaient mineurs. C’est évidemment totalement faux.

 

Où en sont les procédures judiciaires engagées contre vous et France 2 ?

La première plainte contre X avec constitution de partie civile pour diffamation a été déposée au TGI de Nanterre début juillet 2016, vingt-quatre heures avant la date de prescription. Tout le monde est visé dans cette plainte, des rédacteurs en chef au monteur et aux techniciens. Vers le 20 juillet, France 2 a décidé de rediffuser le sujet : un choix classique et habituel de France 2 qui rediffuse, dans ses grilles d’été, les principales enquêtes de l’année. A cette occasion, Nicolas Poincaré a reproposé à Vincent Bolloré de venir s’expliquer dans les fauteuils rouges de Complément d’enquête. Il a encore décliné l’invitation. Puis nous avons, cette fois, été attaqués au tribunal de commerce : Bolloré nous réclame 50 millions d’euros de préjudice commercial pour « dénigrement et concurrence déloyale », comme si un reportage de France 2 faisait de la concurrence au groupe Bolloré, dont les métiers premiers sont la manutention portuaire et les batteries électriques.

 

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