« Les conditions en ont été inadmissibles. Une réunion de bureau a été convoquée de façon exceptionnelle, dans un curieux hasard de calendrier, la semaine de l’examen du projet de loi sur l’Etat d’urgence au sujet duquel les experts de l’ONU s’inquiètent pour les libertés en France. Ce n’est que la veille au soir, à 19h44, que j’ai reçu un mail m’indiquant que nous allions étudier la levée de l’immunité de Gilbert Collard et qu’un dossier serait consultable sur place à 9h30 pour la réunion à… 10h. Voyez comme tout est bien organisé pour éviter un débat de fond, le temps de la réflexion et de la concertation avec notre groupe ! Notre refus de voter cette levée n’est pas étranger à cette méthode qui s’installe à l’Assemblée, dans un climat où le pouvoir du Parlement est chaque jour un peu plus piétiné. Surtout, la veille, j’avais été invitée à la première réunion des groupes de travail lancée par monsieur De Rugy sur le statut du député, incluant la question d’une réforme possible de l’immunité. A quoi sert-il de faire des groupes de réflexion si le bureau neutralise en une réunion l’article 26, sur le point le plus fondamental que constitue la liberté d’expression, quelles qu’en soient ses outrances, ses horreurs ? Tout cela n’est pas sérieux et s’apparente à une simple opération politique. Si l’Assemblée entend devenir la succursale des impératifs d’un monarque républicain ou des opérations de communication du gouvernement, ce ne sera pas sous nos applaudissements. Nous tenons notre fil. S’il faut remettre en cause notre système institutionnel, faisons-le au grand jour et avec cohérence, à l’occasion d’un processus associant les citoyens pour une VIe République, et pas au coup par coup, en catimini à l’Hôtel de Lassay. »