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3 septembre 2017 7 03 /09 /septembre /2017 10:57

Certes, Christophe Barbier n’est pas Bossuet. Ces jugements sont souvent hâtifs – il faut bien pondre son œuf que tous les matins du monde nous offrent à gober sur la chaîne d’information en continu – et, justement, comme écrivait l’Aigle de Meaux, « qui veut juger hâtivement juge précipitamment », mais Christophe Barbier fait désormais autorité du haut de sa chaire où il débite des vérités intangibles, sans doute trouvées sur le coin de la table cinq minutes avant d’entrer en studio.

Avant d’arriver à cette formule d’apothéose consacrant le chef de l’État en Président-Philosophe – le nec plus ultra pour un pays qui adore avoir des lettrés à sa tête et qui vient de se coltiner dix ans d’analphabétisme élyséen -, Christophe Barbier nous explique qu’« il y a des formulations chez Emmanuel Macron, toujours très littéraires, toujours très ciselées qui donnent parfois le sentiment d’une élévation avec un risque d’arrogance ». Vous noterez que le compliment l’emporte largement : deux points pour « toujours », un seul pour « parfois ». Emmanuel Macron n’est pas arrogant. Non, il y a juste un « risque d’arrogance ». Nuance. La petite gousse d’ail, en quelque sorte, pour relever le gigot.

C’est là qu’on se dit qu’on a quand même fait de sacrés progrès dans la façon de cirer les pompes des grands de ce monde depuis qu’on imprime du papier.

Tenez. Dans son cruel roman « Au bon beurre », racontant la France sous l’Occupation, Jean Dutourd reconstitue un article de l’hebdomadaire Gringoire, relatant l’audience de la famille Poissonard chez le maréchal Pétain, à qui elle offre un panier d’œufs. 

Extrait : « Leurs ancêtres attendaient ainsi, à Versailles, lorsque, venant de leur campagne, dans un acte d’amour spontané pour leur maître, ils décidaient de lui apporter en offrande les produits de leur commerce rustique… Mais voilà que tout se tait. C’est Lui… Le Maréchal leur donne en échange Son sourire et le rayon de Ses yeux. Le Maréchal lui offre l’éblouissement de Sa face… L’homme met un genou en terre comme un chevalier devant son suzerain. C’est une grande minute… »

 

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