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23 septembre 2017 6 23 /09 /septembre /2017 11:43

C’était trop tentant pour que les États-Unis puissent résister à la politisation d’une crise géopolitique aussi prometteuse. Comme prévu, ils ont trouvé le moyen d’intervenir diplomatiquement. Le leader de la majorité du Sénat, Mitch McConnell, s’est prononcé contre le gouvernement du Myanmar et a agrémenté sa déclaration avec des nuances fortes de « rhétorique d’intervention/responsabilité humanitaire pour protéger » lorsqu’il a annoncé « qu’il était nécessaire que le gouvernement fasse tout son possible pour protéger les Rohingyas et assumer ses responsabilité vis-à-vis des membres d’un groupe minoritaire religieux qui souffre depuis longtemps et dont des milliers d’entres-eux ont été forcés de partir en haute mer sur des navires improvisés et dangereux pour échapper à la persécution ». En affirmant que le gouvernement était responsable de ce qui arrivait aux Rohingyas à l’étranger (une affirmation absolument ridicule au niveau de n’importe quel état), McConnell a jeté de l’huile sur le feu. Ouvrant la porte aux États-Unis pour renforcer potentiellement leur participation à la « médiation » de la situation, dictant ainsi des « solutions » pour y mettre fin. En fait, le président Obama avait déjà établi un lien entre « la démocratisation » et la situation des Rohingyas et le Département d’Etat avait exigé qu’on leur donne la citoyenneté immédiatement. Les États-Unis poursuivent clairement des intérêts ultérieurs en utilisant la crise humanitaire comme couverture pour donner des sommations au Myanmar, mais quelle est exactement leur finalité ?

 

Vers un modèle de fédération

Plus que tout, les États-Unis veulent affaiblir la centralité de l’Etat du Myanmar et imposer un modèle de fédération au pays. Si un tel modèle de gouvernement pourrait être une étape constructive vers la résolution des crises internes de certains pays (par exemple, l’Ukraine), dans d’autres, il ne peut qu’accélérer le démantèlement de l’État. Le Myanmar tombe dans la deuxième catégorie, car un système de fédération conduira inévitablement à un archipel d’États-nations autonomes dispersés tout au long de la périphérie du pays et, bénéficiant d’un pouvoir accru dans leur nouveau cadre, ils pourront s’opposer plus efficacement à la règle centrale. Non seulement cela, mais ils seraient extrêmement vulnérables au lobbying étranger en faveur de leurs positions anti-gouvernementales, et les États-Unis pourraient les coopter afin de garantir que le Myanmar reste faible et divisé dans un avenir prévisible. Le cas échéant, les États-Unis pourraient également manipuler chacun des États-nations autonomes l’un contre l’autre afin de créer une crise territoriale ou politique qu’ils pourraient alors exploiter pour intensifier leur implication dans les affaires intérieures du Myanmar, et peut-être même un jour prendre la décision de démanteler entièrement l’Union du Myanmar (le nom officiel de l’état), en utilisant comme modèle le sanglant précédent yougoslave.

 

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