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2 décembre 2017 6 02 /12 /décembre /2017 10:00

 

Tuez proprement votre mari (fiche n°1)

 

 

Il est bien normal que mon petit opuscule respecte les droits de l’homme et la parité en particulier. Voici donc la première méthode pour vous débarrasser de votre époux légitime, que vous aviez choisi un peu vite, et qui ne présente que des inconvénients.

 

Choisissez avec soin votre date. Je propose une veille de fête, par exemple le 24 décembre. Votre mari a décidé de partir à Saint Août, on lui a dit qu’il y avait de la volaille, et comme il n’est pas bien finaud, il a cru qu’il s’agissait de femmes vénales (il ne connaît pas cette expression, il dit des « putes ». De toute façon, il ne vous dira rien du tout, alors fermons la parenthèse).

 Vous en profiterez pour louer un marteau piqueur et acheter un sac de ciment rapide. Ces achats seront effectués à Romorantin (41) puisque vous habitez Ste Aoustrille (36100).

De retour à la maison, vous creuserez un trou de trois mètres de profondeur environ, à l’entrée du salon. Vous ne sortirez pas les gravats de votre petit pavillon. Vous les descendrez au sous-sol. Ensuite, c’est tout simple : vous cimentez les parois de l’excavation (il ne connaît pas ce mot-là, mais ça n’a pas d’importance, fermons donc la parenthèse). Au bout d’une demi-heure, tout est prêt !

Alors vous téléphonez à votre époux. Bien entendu, il est occupé avec ses volailles, il a fermé son téléphone portable. Il boit, également, beaucoup. Il remonte enfin dans sa voiture, et le voilà qui s’arrête devant le gentil pavillon où l’attend sa petite femme.

Le con ! Il ne sait pas ce qui l’attend, lui, en réalité. Il n’a pas la démarche assurée, il voit double, il ignore où il est exactement. Il trouve cependant l’entrée du salon et il commet alors  l’imprudence de ne pas regarder où il pose les pieds.

Maintenant il est étalé raide sur le ciment rapide. Vous attendez une bonne heure avant de prévenir les pompiers.

Ils arrivent deux heures plus tard. Encore une heure et voici la gendarmerie. Le chef des gendarmes vous trouve en larmes, et il est très attentif à vos explications :

« -J’étais partie au marché de Noël à Levroux, et un voyou s’est introduit dans ma maison…voyez ce qu’il a fait ! Maintenant, je n’ai plus de mari et j’ai un trou dans mon salon.. »

Il vous croira parce qu’après tout votre explication est plausible (votre mari ne comprendrait pas ce mot, mais il est mort et on s’en fout, fermons encore la parenthèse).

 

Il est évident que les magistrats ne mettront pas en doute la vérité de votre récit.

En prime vous pourrez essayer d’obtenir une pension de veuve de guerre. Mais attention, il faudra écrire « veuve de guère », ce qui insistera sur le fait que vous êtes veuve depuis peu de temps. (Votre mari ne comprendrait pas, mais j’en ai marre, à force, d’ouvrir et de fermer toutes ces parenthèses !)

 

En principe ça passe, les gens ne connaissent plus l’orthographe, aujourd’hui.

 

Rolland Hénault (2007)

 
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