En ville, dans sa berline dernier modèle payée à prix d’or, le conducteur sursaute sur les ralentisseurs, craint le flash dans la zone 30, s’arrête devant des panneaux « Stop » qui semblent avoir été plantés là par hasard, redoute la caméra en haut du feu tricolore puis s’élance dans la grande aventure de la route secondaire limitée à 80 à bord de sa Citroën DS3 VTI dont le vendeur a vanté l’accélération de 0 à 100 km/h en 12,3 secondes.
À ce moment précis, l’automobiliste se demande s’il n’aurait pas mieux fait d’acheter sur Le Bon Coin une brave Peugeot d’occase à 2.500 €. Le genre de caisse aux performances amplement suffisantes pour affronter cet enfer de limitations, de radars et de bosses en béton qui bousillent les amortisseurs…
Dans cette ambiance de réglementation routière chaque jour un peu plus restrictive, posséder un véhicule récent est un peu comme acheter un piano à queue pour jouer « Au clair de la lune ». Alors, de deux choses l’une : ou bien les constructeurs s’adaptent en proposant des bagnoles moins chères qui n’avancent pas – de 0 à 30 km/h en 60 secondes (!) – ou bien le consommateur renonce à dépenser des 15, 20, 30.000 € et plus pour des voitures qu’il sera contraint d’utiliser au quart de leurs possibilités. Un boycott spontané justifié par la disproportion entre l’offre et la réalité des limitations.
Le passage devant une école de mon quartier comporte quatre ralentisseurs successifs et deux feux rouges. Un de ces jours, un automobiliste va se faire écraser par des enfants qui sortent en courant ! J’allais oublier l’agent municipal en gilet orange qui tend les bras pour stopper les inconscients qui arrivent à 3 km/h.
Est-ce que la solution finalement ne serait pas l’immobilisme ? Le voyage virtuel. Le tout amazon.fr… Le désert dehors. Plus personne. La vie limitée à 0 km/h.