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10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 09:26

Quand le mercure chute à l'hôpital Beaujon, à Clichy (Hauts-de-Seine), les patients grelottent et, lorsqu'ils claquent des dents, on sort du ruban adhésif pour calfeutrer les fenêtres... C'est ce que vient de dénoncer, dans un mail fracassant à sa hiérarchie, un chef de service, excédé par ces « conditions tout simplement indignes d'hospitalisation ».

 

Il est 10 h 47, jeudi, quand le professeur P.L., qui dirige le service de pancréato-gastroentérologie  – en charge des personnes gravement malades ou en fin de vie –, prend la plume et écrit :

« Madame la directrice, nous sommes aujourd'hui le 28/02/18. Chambre 4 d'un service dit de pointe hébergeant des malades graves, en l'occurrence en fin de vie, il fait 17  oC. La malade a froid dans son lit, une parka, un pull en laine, une étole autour du cou. Pas très facile de vomir avec cet attirail. Grande lectrice, elle n'arrive pas à lire son dernier livre, ayant trop froid aux mains. On lui a promis de scotcher les fenêtres, un traitement très moderne et esthétique pour assurer l'étanchéité. Ce n'est pas fait. On lui a promis un chauffage d'appoint. Il n'y en a pas. On lui a promis... une couverture. Il n'y en a pas non plus. »

Si ce médecin a décidé de taper du poing sur la table, c'est qu'il ne cesse d'alerter sa direction sur la vétusté des chambres où sont hospitalisés ses patients, dont certains sont en chimiothérapie. Car la dame de la chambre 4 est loin d'être la seule à devoir s'emmitoufler. C'est le service entier qui est exposé aux courants d'air glacials et, selon le praticien, « d'autres services du bâtiment, notamment la chirurgie digestive, sont dans le même état ». Quant à cet été, « nous avons enregistré 41oC dans une chambre. A cette époque, il n'y avait pas de ventilateurs disponibles... »

 

A l'AP-HP, ce courriel, rendu public, a jeté un sérieux froid tout en suscitant de nombreux messages de soutien au lanceur d'alerte : « Beaujon est loin d'être un cas isolé. Quand on voit l'état déplorable de certains services à Avicenne, Garches, Cochin, on a honte, on a envie de hurler », remarque Bernard Granger, psychiatre à l'hôpital Tarnier à Paris (VIe) et défenseur de l'hôpital public.

Beaujon et Bichat sont promis à la fermeture. A l'horizon 2025, c'est un tout nouvel établissement, l'hôpital Nord, qui les remplacera.

 

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