Jacques Testart doit sa renommée aux premières « mères porteuses » sur des bovins en 1971, à la naissance du premier bébé éprouvette en France dénommé Amandine en 1982, aux premiers succès en France de la fécondation in vitro humaine puis, en 1986, de la congélation de l’embryon humain et enfin, en 1994, de la FIV avec injection du spermatozoïde. Il est, en effet, le premier biologiste français ayant conçu dans notre pays les créations ci-nommées.
Tant d’attributs permettent d’imaginer l’homme comme un savant fou, contemplant la vie comme un terrain d’expériences infinies, trafiquant dans son poussiéreux laboratoire des êtres humains, aujourd’hui debout aux premières loges des États généraux de la bioéthique.
Une sorte de savant fou, il l’assume, citant en introduction de l’un de ses essais Jean Rostand : « Ne prenons pas des airs de demi-dieux […] là où nous n’avons été que de petits sorciers. »
En y regardant de plus près, il semblerait, en effet, que le biologiste ait des remords de ses « petites tambouilles » de sorcier. En tout cas, il devient une figure de poids contre la GPA dans la tempête des États généraux de la bioéthique. Répondant à une interview du JDD Europe 1, il déclare : « Les mères porteuses pour aider les couples d’hommes, je suis contre. C’est de l’esclavage. » Quant à la PMA qui doit son introduction en France à notre biologiste, il estime, toujours dans la même interview, qu’« au-delà de la détresse de ces enfants sans origine, la médicalisation de l’insémination artificielle a ouvert la porte à l’eugénisme ». Son œuvre tourne au cauchemar : à cause de lui, l’eugénisme progresse à grands pas.
Le grand biologiste, ayant voulu rendre le monde meilleur, assiste, impuissant, aux conséquences logiques de ses créations scientifiques, à l’écroulement du monde parfait qu’il s’était imaginé, où tout couple pouvait concevoir. Il s’était cru tout-puissant jusqu’au jour où…
Lui pour qui « le transhumanisme [est] contre l’humanité », comme il titrera l’une de ses conférences, voit son œuvre servir à la sélection de l’humanité par « un eugénisme mou et démocratique, sans souffrance ».