Des moutons au pied des cités, on n’a pas souvent l’occasion de voir cela en région parisienne. C’est pourtant ce qu’ont réalisé les membres de l’association « Les Bergers Urbains », le jeudi 13 juin 2018, dans les rues d'Aubervilliers.
Si l’organisation veut, entre autres, « révéler le rythme des saisons au cœur de la ville » et « veiller constamment au bien-être animal », cette transhumance ne fait pas l’unanimité.
L’association Vigilance Hallal dénonce effectivement certaines pratiques : « Nous venons de constater que ces animaux ne possèdent pas de boucles d’oreilles bilatérales exigées pour la traçabilité sanitaire et l’identification ». Un traçage pourtant obligatoire selon la Direction départementale de la protection des personnes (DDPP). Joint par Paris Vox, Julie Lou Dubreuilh, organisatrice de l’événement, reconnaît les faits : « Les animaux ont bien été immatriculés mais parfois ces boucles d’oreilles bilatérales peuvent être arrachées ».
Autre irrégularité, toute présentation publique d’animaux est soumise à l’obligation de déclaration auprès de la DDPP. Or, celle-ci a confirmé à l’association Vigilance Hallal : « Cette manifestation n’a pas été déclarée à notre service et par conséquence, il nous est impossible de savoir quel détenteur d’ovins a organisé cette transhumance ».
Des moutons abattus pour l’Aïd ? L’organisatrice dément.
En revanche, Julie Lou Dubreuilh rejette catégoriquement les accusations portées à l’encontre des « Bergers Urbains » de ne pas immatriculer leurs moutons afin de les vendre en dehors de toute légalité lors de fêtes musulmanes. La question a été effectivement posée par le docteur Alain de Peretti, président de Vigilance Hallal.
Julie Lou Dubreuilh l’affirme cependant : les animaux de l’association sont destinés à être abattus à l’établissement de Jossigny qui pratique l’abattage rituel.
En attendant, dans une vidéo de la transhumance, filmée par un témoin à Aubervilliers, Julie Lou Dubreuilh laisse planer le doute. « Est-ce que c’est pour vendredi [Aïd el-Fitr, NDLR] ? », lui demande le passant, à qui elle répond avec le sourire, « peut-être vendredi, peut être un autre jour ».