Contrairement à la réalité, des agences de presse et des chaînes de télévision algériennes et internationales ont diffusé des images de joyeux manifestants, dans la rue algérienne, satisfaits, suite à la récente « lettre » attribuée au président Abdelaziz Bouteflika, annonçant son retrait de la course présidentielle, le report de l’élection, et un remaniement ministériel.
En réalité, des milliers d’Algériens n’ont pas pu attendre vendredi pour participer à des manifestations contre « la lettre », et ont envahi les rues, pas pour exprimer leur joie, mais pour protester.
Bouteflika n’a pas de prérogatives constitutionnelles pour arrêter le processus électoral. Le but de cette « lettre » est d’abolir le processus électoral et de prolonger le 4ème mandat, sans passer ni par le Parlement, ni par les urnes.
Le régime de Bouteflika ne partira pas avant d’engloutir l’Algérie. Lakhdar Brahimi —connu dans les médias arabes sous le nom de el-Ibrahimi— a été convoqué par le régime, pour satisfaire les masses. Beaucoup de gens pensent qu’il est issu de la respectée famille El-Ibrahimi ; une famille militante qui a porté le flambeau de l’éducation et de la réforme en Algérie, dans les années cinquante.
Mais Lakhdar Brahimi n’a rien à voir avec cette ascendance prestigieuse. Il est le fils d’une famille collaboratrice du colonialisme français, son oncle —qui porte le même nom, Lakhdar Brahimi— a été a l’origine du massacre de Dèchemia, en avril 1948. Des militants indépendantistes concurrents de cet oncle, candidat de l’administration coloniale aux élections truquées par le célèbre Marcel-Edmond Naegelen, y furent assassinés.
Ce faux passé révolutionnaire et une réputation diplomatique internationale usurpée devraient permettre au pouvoir d’absorber la colère du peuple et de lui faire accepter un homme qui sert Abdelaziz Bouteflika, même après sa renonciation.
En ce qui concerne les relations internationales, Brahimi est l’homme des États-Unis. Il a joué un rôle de diversion pendant la destruction de la Syrie par les Occidentaux et les arabes du Golfe. Au contraire, Ramtan Lamamra est un homme « de confiance » du président Macron.
Les deux garantissent la préservation des intérêts de la France et des USA, les plus grands bénéficiaires économiques de l’Algérie.
Le ministre français des Affaires étrangères n’a pas tardé à exprimer sa satisfaction pour « la lettre » attribuée à Abedlaziz Bouteflika. Avant cela, Emmanuel Macron qualifiait cette décision de « raisonnable ».