«Les Gilets jaunes ont décidé de toucher à l’économie directement.» C’est le mot d’ordre lancé au micro de RT France par Eric Drouet, figure des Gilets jaunes, le 22 juin, alors que ces derniers réalisent une opération péage gratuit au niveau de Chamant-Senlis (Oise) sur l’autoroute A1. Le rendez-vous avait été fixé à 9h, selon notre journaliste présente sur place. A 17h, l’opération rassemblait encore plus de 300 personnes.
«C’est un virage dans le mouvement [...] Nous arrêtons les manifestations et les marches dans Paris. Les Gilets jaunes se concentrent sur les blocages et les péages gratuits», poursuit Eric Drouet, qui dit avoir rejoint une initiative décidée depuis un mois et demi par un autre groupe d'activistes. «C'est une conclusion que tous les Gilets jaunes ont faite : cela fait six, sept mois que nous marchons dans la rue, et à aucun moment, un samedi soir, le moindre Gilet jaune n’a été reçu pour des négociations, le gouvernement n’a fait aucune annonce par rapport à toutes ces manifestations. C’est une chose qui ne marche absolument pas», explique-t-il, toujours au micro de RT France.
Serait-ce là le retour de la stratégie originelle de Gilets jaunes ? Présent lui aussi sur le péage de Chamant-Senlis, Jérôme Rodrigues, autre figure des Gilets jaunes, rappelle au micro de Sputnik que «les péages [gratuits] ne se sont jamais arrêtés depuis le 17 novembre [marquant l'acte 1 de la mobilisation]».
Force est de constater que le mot d'ordre appelant à «tout bloquer» ce 22 juin a été suivi. De nombreux péages avaient en effet subi le même sort durant cet acte 32, comme à Heudebouville (Eure) au kilomètre 90 de l’autoroute A13.
Mêmes images au péage de Toulouse Nord (Haute-Garonne) sur l’A62, où les Gilets jaunes empêchaient les camions de poursuivre leur route.
Des Gilets jaunes se trouvaient également au péage d’Avignon-Nord, certains arborant une banderole «Vinci se gave, le peuple déguste» ou encore «Stop aux abus et privilèges de tous les élus».
Au petit matin, une quarantaine de Gilets jaunes, selon nos confères de France Bleu, s’étaient donné rendez-vous à l’entrée du port maritime de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) afin de bloquer les automobilistes souhaitant traverser la Manche. De nombreux Britanniques n’ont donc pas pu embarquer et ont dû être orientés vers les port de Caen-Ouistreham, Roscoff et Cherbourg. Selon un journaliste de Ouest-France présent sur place, les gendarmes sont arrivés aux alentours de 11h, soit 3h après le début du blocage, pour déloger les manifestants. Le trafic a alors rapidement repris.
Les péages et autres axes de transport n’ont pas été les seules cibles des manifestants. A Toulouse, où défilait un cortège comme tous les samedis, les images rapportées par le journaliste de RT France montrent ainsi que de nombreuses enseignes ont été ciblées par les Gilets jaunes, les forçant à baisser leur rideau ou à fermer leurs portes.
Dans un communiqué publié sur son compte Twitter par Jérôme Rodrigues le 21 juin, signé, entre autres, par Priscillia Ludosky, Maxime Nicolle, Jérôme Rodrigues ou encore par le groupe Gilets Jaunes Union IDF, ces derniers appellent à la «désobéissance civile». Le document fixe la feuille de route jusqu'au 17 novembre 2019, soit un an après le début de la mobilisation. «Si après un an de lutte sans réponse politique : 17 novembre 2019 = 17 actions de désobéissance civile visant le CAC40 dans tout le pays», peut-on lire en conclusion du texte de trois pages.