La plainte arrivée il y a quelques jours sur le bureau de la Brigade de répression du banditisme (BRB) de Paris a dû surprendre ces policiers pourtant aguerris. Elle a été déposée au cours du mois de juin par le Centre national des arts plastiques (CNAP). L’établissement culturel y dénonce le vol de sept œuvres. Des statuettes en bois, en terre cuite, mais aussi un buste en bronze. Des œuvres estimées à quelques milliers d’euros. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire pour les enquêteurs de la BRB spécialisés dans le vol d’œuvres d’art.
Le lieu du larcin l’est beaucoup plus : ces statuettes n’ont pas été dérobées dans une salle de vente ou un luxueux appartement, mais… au sein même de la présidence de la République, dans le palais de l’Élysée ou ses annexes. Quand ? Mystère. Ce que l’on sait simplement, c’est que c’est un récolement effectué entre novembre 2012 et janvier 2013 au palais qui a permis de constater la disparition de ces œuvres déposées entre 1879 et 1984. Des recherches approfondies ont alors été menées, mais elles n’ont pas permis de retrouver les statuettes et le buste, poussant donc le CNAP à déposer plainte.
Comme ces statuettes, des milliers d’œuvres propriété de l’État ont disparu de musées, de mairies, d’ambassades, mais aussi de Matignon, de l’Assemblée nationale ou du Sénat. « Il en manque plus de 50 000 », selon les travaux de la Commission de récolement des dépôts d’œuvres d’art (CRDOA), créée après un rapport alarmant de la Cour des comptes, en 1997. Une grande partie est considérée comme définitivement perdue, faute de documentation précise ou pour cause de « mauvaise tenue des registres ».