Selon le chanteur, qui a autoproduit son nouvel album, l’effondrement des ventes de disques n’est pas compensé par le digital qui « ne rapporte rien ».
Au fil de sa carrière, Thomas Fersen a vu l’industrie musicale se métamorphoser... et les ventes de disques dégringoler. Il l’explique dans une interview accordée au Monde. L’artiste a choisi de quitter son label et d’autoproduire son douzième album, C’est tout ce qu’il me reste, à peu de frais. «Ma société d’édition avait un petit bas de laine, de quoi produire un album, trouver une promotion indépendante, des contrats de distribution», explique celui dont le précédent opus s’était écoulé à 17.000 exemplaires - «uniquement des ventes physiques».
Des chiffres dérisoires eu égard aux ventes de ses premiers disques. «Qu4tre, c’était 225.000 [exemplaires], l’âge d’or, se souvient-il, évoquant son album à succès, sorti en 1998. Ensuite, ça n’a fait que descendre, une perte de 40% à chaque fois». Thomas Fersen ne compte pas plus sur les plateformes de streaming pour s’assurer un revenu. «Le digital ne me rapporte rien,» affirme-t-il sans ambages. Il est pourtant inenvisageable de déserter Spotify, Deezer et consorts - question de visibilité. «Sinon, je disparais du paysage», estime le chanteur.
Interrogé sur la possibilité de donner des concerts pour renflouer les caisses, Thomas Fersen balaie l’hypothèse d’un revers de manche. Le concert comme gagne-pain est selon lui un «mythe». «C’est vrai pour les artistes internationaux qui vendent leur exclusivité en asséchant les trésoreries des festivals», nuance-t-il. Les petits festivals de ses débuts - dont les Francofolies et les Vieilles Charrues - ont depuis pris de l’ampleur et ne songent plus à l’inviter. Et pour ce nouvel album, seul un concert à la Cigale est prévu, contre une quinzaine pour un album sorti «au milieu des années 2000».
Thomas Fersen est désormais convié par des «petits festivals de village», eux aussi à la peine. «C’est une niche menacée, qui vit grâce aux mairies et aux régions. Là aussi, il n’y a plus de blé» regrette l’artiste, pour qui l’explication à ce manque de moyens est surtout politique. «Les élus sont de plus en plus jeunes et n’en ont rien à foutre de la culture, déplore-t-il. Autrefois, qu’on aille dans des municipalités de droite ou de gauche, la culture, c’était quand même un prestige.» Outre son talent, ce qu’il reste à Thomas Fersen, c’est en tout cas une indéniable liberté de ton.