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28 décembre 2019 6 28 /12 /décembre /2019 11:40


Nous voici donc en pleine trêve des confiseurs. Profitons-en pour nous instruire puisque les écrans de télévision sont débarrassés des tristes faciès de nos exploiteurs. Les riches cons, ministres, chefs d’états, financiers, et la bande d’escrocs à leurs ordres, c'est-à-dire les personnes qui s’empressent à leur obéir dans les médias, sont occupées ailleurs. Ils bouffent, ils s’en mettent plein le buffet, ils se remplissent la panse. Espérons au moins que quelques-uns d’entre eux ne s’en remettront pas, et que ça va, par exemple, les faire exploser. Mais profitons-en surtout pour chercher l’origine de cette expression qui est si révélatrice de la nature de l’homme, même pour ceux qui ne croient pas qu’il y ait une nature humaine. J’ai bien peur que si, qu’il existe une « nature » de l’homme, et je ne vois pas pourquoi un simple rédacteur ou lecteur de l’Echo, n’irait pas contre l’opinion des plus grands philosophes professionnels !

Mais revenons aux confiseurs, cette catégorie d’artisans, grâce à laquelle nous bénéficions de cette trêve, c'est-à-dire de ce « cessez-le-feu », de cette cessation des combats. Entre Noël et Janvier, en effet, on ne se bat pas, on déguste, non plus des rafales d’armes automatiques, mais des friandises, des confiseries. Histoire de reprendre des forces avant l’attaque. Ce phénomène est, nous disent les dictionnaires, assez récent puisqu’on l’appelait autrefois la « trêve de Dieu ». Cette trêve aurait été instituée en 1245 exactement, sous Saint Louis, et Dieu, qui existait à l’époque, aurait donné le signal de l’arrêt des combats. Dieu lui-même en personne, avec une phrase du genre :
« - Bon, les enfants ! vous allez vous reposer un peu, je vais faire tomber la neige pour que ça fasse plus propre !... dame vous en avez fait des saloperies... bande de cochons !... »

Et les soldats de l’époque ont accroché leurs armures aux branches des arbres !
Et ils se sont mis à s’empiffrer avec des kilos de sucre parce qu’ils ne savaient pas encore que le sucre ça donne le diabète. On faisait couler le sang mais on ne l’analysait pas !

On dit aussi que, dès Noël 1914, les soldats allemands se sont mis à entonner des cantiques et que les soldats anglais, qui eussent dû logiquement en profiter pour les zigouiller, ont repris en chœur les mêmes cantiques, mais en anglais. Du coup ça leur aurait donné une idée : « et si on jouait au foot ? » Ils sont allés demander à Dieu une autorisation, mais Dieu était introuvable ! Reparti dans ses appartements célestes ? Au bout d’une semaine, cependant, les footballeurs se sont lassés de ce jeu où l’on ne produit que très rarement des morts. Et puis les autorités militaires se sont senties inutiles, alors elles ont donné l’ordre de cesser ces gamineries et de se remettre au boulot. En traînant la patte, les combattants ont fini par leur obéir. On dit que Dieu est venu siffler la fin du match. Ça se passait près d’Ypres (prenez des notes, on ne s’instruit jamais assez !) où l’on avait déjà expérimenté les gaz de combat, notamment celui qui deviendra le plus populaire : l’ypérite. Allez voir vous-même le monument aux morts à Ypres. Cinq mille noms y sont gravés dans la pierre, ce qui, au passage, en rend la lecture fastidieuse à la longue.

 

ROLLAND HENAULT (dans "Articles 2016-2010", Editions de l'Impossible)

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