J’ai vu récemment à la télé un nanar américain cousu de fil blanc et bourré de clichés qui m’a procuré je l’avoue un certain plaisir.
Il s’intitule « Le jour d’après » et raconte une histoire de glaciation de la planète survenant après le réchauffement (!) du pôle. La catastrophe s’abat en moins de 48 heures sur un groupe d’étudiants venus à New York pour une compétition universitaire. L’intérêt va se porter sur l’un d’eux et sa famille. Le père d’abord.
La quarantaine, le teint halé, c’est un climatologue-explorateur surdoué qui sent venir les cyclones comme le chien sa gamelle. Il le voit arriver de loin, le typhon glaciaire. Mais personne veut le croire, hormis deux vieux potes (qui seront sacrifiés en cours de route) et une gonzesse asiatique, jeune mais très diplômée (douze doctorats, trente masters). Pas très belle quand même pour qu’on pige que c’est pas l’héroïne, juste un faire-valoir. Elle échange avec le maître des dialogues pseudo-scientifiques :
- Un anticyclone de magnitude 12 sur le 50e parallèle, on n’avait pas vu ça depuis 1927 !
- Si, ma chère. En 1931, à Dakota City, le 12 février à 5 heures 14 minutes si ma mémoire est bonne.
- Bien sûr, vous avez raison, ça m’était sorti de la tête !
Quelle cruche !
La mère maintenant. Même âge que l’époux, médecin urgentiste, belle mais sans prétention, une sainte avec des nichons. Quand son hôpital est bombardé par la glace, elle sauve son protégé, un gamin cancéreux à qui l’on a rasé le crâne pour faire plus vrai (le ricain est un peu dur à la détente). Elle poussera le chariot du malade dans une ambulance quand tous les autres toubibs se seront débinés comme des lâches.
Bon je passe sur les figures habituelles : le vieux noir en uniforme qui croise le jeune noir expert en électronique et champion d’échecs (même un noir peut réussir) ; le SDF et son chien qui traversent l’épreuve le sourire aux lèvres (mieux vaut un SDF vivant qu’un riche mort) ; la foule moutonnière qui suit le mauvais pasteur (méfiez-vous des meneurs).
Arrivons au fils. L’étudiant poil aux dents. Il va participer à la compétition à cause d’une fille qu’il a l’intention d’aborder à cette occasion. Sa mère nous le fait remarquer dès le début pour qu’on perde pas de temps à le deviner. Une fois dans le jeu, il soufflera toutes les bonnes réponses à ses partenaires. Y compris à la donzelle qui confond le roi des Aztèques avec le chef des Incas, cette gourde !
Le fiston, c’est le symbole de l’intelligence vue par les ricains : un champion des quizz et des QCM. Quand la température chutera à -45°, il proposera de brûler les livres de la bibliothèque municipale pour se réchauffer. Et pour révéler enfin la morale du film : la culture n’a jamais sauvé personne, seul le pragmatisme triomphe et tous les moyens sont bons.
Rien d’original là-dedans puisque c’est la substance de tout le cinéma américain ou presque.
Ensuite le cataclysme fait marche arrière, les températures remontent et la famille se retrouve. Les films ricains à grosses ficelles finissent toujours mal.