Luc Viviani, âgé de 52 ans, professeur de mathématiques au lycée, a été mis en congé longue maladie pendant cinq ans avant d’être récemment déclaré en invalidité et mis à la « retraite anticipée » par l’Éducation nationale.
Une kinésithérapeute a déposé plainte parce que les pneus de sa voiture ont été crevés à sept reprises, entre le 10 mai et le 16 juin.
Luc Viviani est mis en cause par l’enquête et placé en garde à vue.
Déféré au parquet de Marseille, le 19 juin, il repart avec une convocation pour être jugé le 12 novembre avec un contrôle judiciaire lui interdisant principalement de paraître sur le lieu de résidence de sa victime. Mais sans obligation de soins psychiatriques.
Le 25 juin, nouvelle crevaison de pneus.
Le 29 juin, une caméra étant placée devant la maison de la kiné, Luc Viviani réitère et deux voisins alertés interviennent, le frappent et le maîtrisent avant d’appeler les gendarmes. Luc Viviani est porteur d’une cagoule et d’un gant.
Ayant violé son contrôle judiciaire, il est à nouveau placé en garde à vue puis renvoyé en comparution immédiate par le parquet. Un médecin psychiatre qui l’a examiné relève, dans son rapport, que Luc Viviani a « des idées suicidaires mais n’est jamais allé jusqu’au bout ».
Le 1er juillet, l’avocate de Luc Viviani demande et obtient une expertise psychiatrique pour son client, mais celui-ci ira en détention provisoire alors qu’elle avait plaidé pour un nouveau contrôle judiciaire avec suivi médical.
L’affaire est renvoyée au 28 juillet. Luc Viviani vit mal son emprisonnement dans une maison d’arrêt surpeuplée. Il reçoit des visites de sa compagne et d’une seconde avocate, l’une et l’autre constatant la dégradation de son état.
Le 28 juillet, le médecin expert sollicité ne s’est pas manifesté et l’affaire est donc renvoyée à un mois. L’avocate de Luc Viviani a beau alerter « sur le risque suicidaire du prévenu en insistant sur sa pathologie dépressive chronique », il est maintenu en détention, la présidente déclarant que « le tribunal n’admet pas le chantage au suicide ». Luc Viviani quitte la salle d’audience « en se frappant volontairement le crâne sur la tranche de la paroi vitrée du box ». Quelques points de suture à l’hôpital Nord de Marseille et, après une nuit d’hospitalisation, il est reconduit aux Baumettes.
Le 30 juillet, sa compagne le voit et, le lendemain, son avocate. Selon elle, « il est alors dans un état déplorable, il s’est scarifié les avant-bras et le visage avec un morceau de verre ».
Dans le centre pénitentiaire, l’inquiétude est vive. « L’officier de bâtiment, le chef de détention et la direction de l’établissement ont alerté l’équipe médicale. »
Apparemment, le personnel médical ne prend pas en considération ces avertissements.
Le médecin du service médico-psychologique régional (SMPR) l’examine mais estime qu’il n’y a aucune urgence. Il préconise une consultation la semaine suivante.
Trop tard. Luc Viviani va se suicider dans la nuit du 3 au 4 août 2020.