Il n’y a pas à dire, il y a quand même de bonnes nouvelles : dès vendredi, les Français pourront donc acheter leur sapin de Noël. C’est Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture, en personne qui a fait l’annonce. Donc, on peut y aller. Et certains osent encore dire que la situation n’est pas sous contrôle, franchement ! Un gouvernement qui prend soin de nous à ce point, qui pense à tout, même au sapin de Noël, on n’avait pas dû voir ça, allez… au moins depuis Paul Ramadier, dit Ramadiète, dit ramadan, ministre du Ravitaillement, en 1945 lorsque le pays manquait de tout, sauf d’espoir.
Cela dit, les gens sont injustes car la légende veut que ce socialiste de stricte observance montrât l’exemple en travaillant dans un bureau non chauffé alors que les Français subissaient de terribles restrictions. Je dis ça mais je dis rien.
Cette annonce, Julien Denormandie, préposé du jour aux bonnes nouvelles, l’a donc faite au micro de RMC, répondant à cette question lutine d’Apolline de Malherbe : « Y aura-t-il des sapins pour Noël ? » Réponse : « Oui, je vous l’annonce ce matin, il sera possible d’acheter des sapins à Noël… » De l’air du gars qui vous annonce qu’on a gagné la guerre ou que c’en est fini des impôts. Notre bon maître est trop bon. « Noël, Noël », s’exclame le peuple en liesse. On pourra aller les acheter chez les pépiniéristes, en grande surface et dans les magasins de bricolage… au rayon quoi ? En revanche, chez le fleuriste, pas question d’entrer dans la boutique. Faudra rester sur le trottoir. Et pour les boules et les guirlandes, on fait comment ? « On fait au mieux dans ce contexte », précise le ministre. À quoi ça sert, l’sapin, si t’as pas les boules, pour paraphraser une chanson, joie de ma jeunesse. La magie de Noël ne se décrète pas. Bah si, vous voyez bien : justement, un décret est même en préparation. C’est dire si on pense à tout, au pays de Colbert ! Tiens, Colbert, justement. Lui, il inventait les Eaux et Forêts, faisait planter des forêts de chênes pour que la France puisse construire des navires et se doter d’une marine puissante. Denormandie, lui, il fait dans le sapin. On a les préoccupations qu’on mérite, ma bonne dame.
Rien, en revanche, sur les santons. Car Noël, évidemment, si c’est le sapin, c’est aussi la crèche. Pourra-t-on, d’ailleurs, mettre plus de six personnages dans la crèche ? On fait le compte : le Petit Jésus, la Sainte Vierge, saint Joseph, l’âne, le bœuf et un ange pour annoncer la bonne nouvelle à coup de trompette. Un ange qui pourrait avoir le visage poupin de Julien Denormandie, l’homme à la bonne nouvelle sapinière. Impec : six, pile poil. Les rois mages, sauf décret dérogatoire du père Noël Castex qui, on le sait, travaille dur sur le sujet, devront rester dehors, dans le respect strict des gestes barrières, ça va sans dire.