Pour dire vrai, je suis moins étonnée de la tentation totalitaire qui s’épanouit depuis un an que de la rapidité avec laquelle le bon peuple s’en accommode et même en redemande.
Dans la série des Pol Pot de comptoir, BFMTV glorifiait ainsi dans son grand show matinal ce mercredi, un vendeur de fruits et légumes de Nancy. Un pionnier, un défricheur de tendances dans la fleur de l’âge, très fier de son initiative : 20 % de réduction sur présentation d’un certificat de vaccination. En direct, la vengeance du concombre masqué…
Souriant devant son étal fleuri, il disait avoir l’intention de poursuivre aussi longtemps que nécessaire car c’est sa manière à lui de contribuer à l’effort de guerre, soit la promotion de la vaccination.
Bon citoyen, donc. Et, bien sûr, il ne s’est trouvé personne pour dire à ce monsieur qu’il marche en dehors des clous, que rien ne l’autorise à pénétrer ainsi dans l’intimité de ses clients, qu’il s’agit surtout d’une « discrimination » manifeste à laquelle ses origines évidentes devraient le rendre plus sensible qu’un autre, et que si un grincheux s’avisait de le poursuivre en justice, il pourrait bien y laisser son fonds de commerce et ses poireaux.
Rien de tout ça. On applaudit.
L’avenir du passeport sanitaire était jeudi au cœur des discussions des 27 chefs d’État européens. La France se dit officiellement contre, « pour l’instant ». À comprendre qu’en fait, ça ne saurait tarder
À l’heure où le marchand de légumes plastronnait sur RMC, Brigitte Macron répondait à Alba Ventura sur RTL : « On vit un moment inouï et, depuis le début de cette crise, il y a eu des contradictions, des lenteurs… Vous comprenez que les gens râlent ? », demande l’interviouveuse. « Le quotidien est extrêmement difficile », répond l’épouse du Président. « Il y a quand même une chose qui me sidère, dit-elle, c’est la rapidité avec laquelle ils se sont adaptés. On a très très vite appris et très très vite progressé. »
Honnêtement, je n’ai pas su déterminer si elle parlait là du gouvernement, des scientifiques ou des bonnes gens. Quoi qu’il en soit, je la rejoins sur ce point : je suis moi aussi sidérée. Sidérée de la vitesse à laquelle les Français acceptent de renoncer chaque jour un peu plus à leur libre-arbitre au nom d’une tyrannie sanitaire dont les effets demeurent très hypothétiques.