L’autre jour, l’animateur le plus survolté du PAF s’indignait de ce que palpait, jadis, l’un de ses chroniqueurs, Bernard Montiel : 150.000 euros mensuels pour « Vidéo Gag », sur TF1. D’où cette interrogation métaphysique du présentateur : « Quand tu gagnes 150.000 euros par mois à faire des lancements de vidéos de chiens qui pètent, pourquoi tu vas t’emmerder à faire une interview et défoncer ta chaîne ? »*
Pourtant, une question brûle les lèvres : combien gagne Cyril Hanouna pour organiser des lancers de nouilles dans les slips de ses invités ? Selon Le Canard enchaîné du 6 février 2019, ce seraient 40.000 euros mensuels qui lui atterriraient direct inzepocket. C’est à la fois peu, comparé à ses grands aînés, et beaucoup, à en juger de la bonne tenue intellectuelle de sa tranche horaire. Pourtant, il y aurait quelques petits à-côtés, à en croire le site combien.io, spécialiste de ces sujets de basse intendance.
Ainsi, H2O, sa société de production, forte de 250 millions d’euros investis par le groupe Canal, disposerait d’un chiffre d’affaires annuel garanti de 50 millions d’euros. Ce qui assurerait à notre homme, si l’on en croit le mensuel Capital, des dividendes de près de deux millions d’euros par an. Si cela était avéré, ses 40.000 euros mensuels de salaire ne lui serviraient que d’argent de poche hebdomadaire.
Bref, ce n’est pas la crise pour tout le monde. Sauf, peut-être, pour les chroniqueurs de « Touche pas à mon poste », dont la rémunération serait passée de 500 à 300 euros par prestation à l’antenne, toujours à en croire l’hebdomadaire satirique. Certes, la situation de Cyril Hanouna est légèrement différente de celle d’autres salariés surpayés, sachant qu’à la tête d’une entreprise, il doit régler, chaque mois, salaires et charges sociales. Ces menus détails évacués, « Touche pas à mon poste » demeure la raison « sociale » du show hanounesque. À ces tarifs, on comprend mieux pourquoi il n’a guère envie qu’on touche à celui qu’il occupe.
Il n’empêche que tout cela donne une assez juste idée de ce qu’est devenue la profession de journaliste. Une poignée de stars aux revenus de footballeurs et une horde de pigistes précarisés auxquels il manque toujours deux sous pour faire un franc. Ce qui explique encore, tout du moins en partie, la raison de leur conformisme tant systématique que navrant : les plus fortunés ont peur de dégringoler dans l’échelle sociale, tandis que les autres sont terrorisés à l’idée de perdre le peu qu’ils ont.