J’ai visionné dimanche soir un film d’une rare stupidité, « Captain Fantastik » de Matt Ross qui mérite quelques commentaires.
Disons d’abord qu’il se situe dans la catégorie des films à thème porteurs de messages, un genre apprécié des producteurs ricains pour qui le cinéma reste encore l’outil de domination majeur. « Là où le film passe le drapeau passe aussi » disait-on à Hollywood dans les années 30 et ça n’a pas changé.
Ce Matt Ross poursuit donc la tradition mais avec une niaiserie et une maladresse qu’on n’a pas souvent l’occasion d’observer.
Le film aborde le thème d’un retour à la nature qui capote (pas très nouveau) mais l’adapte au goût du jour, à la mode des survivalistes, le but étant de dénigrer la cause tout en ayant l’air de l’approuver. Vieille technique de scénario qui jette dans l’entonnoir tous les arguments de contestation, puis les discrédite les uns après les autres pour ne laisser couler à la fin qu’un seul principe : il n’y a pas d’alternative à la société capitaliste.
Notre réfractaire au système est donc bourré de contradictions. Premièrement il a engendré six enfants. Pas logique pour quelqu’un qui dénonce la surpopulation. Deuxièmement sa femme profite du Service public et se goberge à l’hôpital depuis trois mois. Pas terrible comme exemple d’autarcie. Enfin pour compléter le tableau elle se tranche les veines dans le premier quart d’heure, fortement déprimée par la vie au grand air. Nous voilà prévenus : le réalisateur ne donne pas dans la finesse et va pousser le message au marteau-piqueur.
Passons aux gamins. Difficile de déterminer quel est le plus antipathique. Ils s’enlisent tous dans la caricature. Il y a les sauvages qui égorgent et dépècent une biche avec abondance de sang, les sportifs qui gémissent en silence, les chiens savants qui récitent les bases de la mécanique quantique, les fayots qui multiplient les citations de Chomsky et s’inclinent devant son portrait (cette scène atteignant le summum du ridicule).
Face à cet étalage de morveux déguisés comme à la kermesse, on rêve d’une gigantesque distribution de torgnoles. Avec double ration pour l’adolescente qui parle du roman « Lolita » comme d’une histoire de viol. Doit-on se cotiser pour offrir le livre au réalisateur ou payer un tueur à gages pour s’en débarrasser ?
Enfin cette laborieuse démonstration d’imbécillité se termine dans une fermette écolo où le père fabriquera des fromages pendant que les enfants iront à l’école.
Conclusion pour les simplets : vive l’Amérique.
Pour les autres : cassez le DVD et relisez Marx !