Depuis l’affaire des sondages de l’Élysée, sous la présidence Sarkozy, laquelle avait abouti au renvoi en correctionnelle de quatre anciens conseillers du Président, les enquêtes d’opinions ne dépendent plus du budget de l’Élysée. Elles sont désormais du ressort du Service d’information du gouvernement (SIG) chapeauté par Matignon. Hélas, l’opacité reste de mise et les vilaines pratiques auraient la vie dure, selon les révélations de L’Obs au terme d’une enquête minutieuse.
Ainsi, le budget alloué au SIG a explosé passant de 14 millions d’euros, en 2020, à 28 millions ! Le gouvernement ferme des lits d’hôpitaux, mais commande des sondages et installe un numéro vert. Comme disait Coluche : « Dites-nous de quoi vous avez besoin, on vous expliquera comment vous en, passer » ! D’ailleurs, la caricature n’est pas si éloignée. En effet, la députée LR Marie-Christine Dalloz, rapporteur spécial de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, ayant dénoncé ces dérives « hors de proportion », s’est vu répondre qu’elles avaient servi à mettre en place « des outils nécessaires pour répondre aux préoccupations des concitoyens ».
Emmanuel Macron a donc dépensé sans compter pour surveiller la population et peaufiner sa communication. Une veille 24 heures sur 24 sur les réseaux sociaux pour analyser la « conversation sociale publique » confiée à une société spécialisée dont les frais s’élevaient à un demi-million d’euros en 2017 pour atteindre 2,8 millions en mars dernier ! Des campagnes de communication et des frais d’encarts publicitaires pour un coût s’élevant à plus de 300 millions ! La mise en application de la « nudge theory » – en clair : influence des comportements à l’aide de moyens subliminaux –, très prisée par Emmanuel Macron, coûte aussi beaucoup aux contribuables qui se laissent manipuler avec leur pognon sans s’en rendre compte !
L’exécutif explique sans vergogne que ces dépenses inconsidérées sont pour notre bien. Ben voyons ! Brice Teinturier, le directeur d’Ipsos, un des prestataires favoris de Macron, justifie sans rire ces dérapages dignes des pires régimes totalitaires par ces mots : « Que préfère-t-on, un gouvernement sourd qui, quelles que soient les circonstances, demeure droit dans ses bottes, ou bien un pouvoir qui prend régulièrement le pouls de l’opinion pour guider son action ? » Évidemment, dit comme ça…
Mais c’est tout le contraire !
En réalité tous ces sondages n’ont qu’un but : mesurer jusqu’où peut aller le pouvoir pour faire avaler les couleuvres au peuple tout en préparant en même temps sa réélection.