Du 18 septembre au 3 octobre prochain, l’Arc de Triomphe à Paris sera… masqué.
Le projet de Christo Vladimiroff Javacheff, dit Christo, qui date de 1962, sa « période parisienne », verra ainsi le jour. Mais l’emballeur en chef de monuments historiques et de paysages grandioses ne sera pas là pour contempler la réalisation de son ouvrage.
Mort le 31 mai 2020, Christo était avec sa femme Jeanne-Claude l’auteur de gigantesques « installations » éphémères : l’empaquetage du Pont-Neuf à Paris, en 1985, ou celui du Reichstag à Berlin, dix ans plus tard, sont restés dans les mémoires. Pour ma part, je m’en souviens surtout comme du caprice pénible d’un artiste que les Parisiens, fort heureusement, ne devaient supporter qu’une quinzaine de jours.
L’installation prévue par Christo, – l’emballage de l’Arc – va nécessiter des travaux de protection du monument. Ceux-ci viennent tout juste de débuter : des cages en acier sont montées autour des sculptures, car « cette toile qui va frotter, il ne faut pas qu’elle puisse abimer ce monument historique » , explique Bruno Cordeau, administrateur de l’Arc de Triomphe. On se souvient, en effet, des dégâts provoqués par l’installation « éphémère » de traits concentriques en peinture aluminium jaune posés sur les murs de la cité de Carcassonne, qui avaient ensuite demandé d’importants travaux de nettoyage et de restauration : les murs avaient été abîmés par l’« artiste » Felice Varini…
25.000 mètres carrés de tissu en polypropylène argent bleuté et 3.000 mètres de corde rouge de même matière – c’est écolo ! – seront nécessaires pour l’installation. Les quatorze millions d’euros prévus pour tout ce chambardement seront entièrement financés par la vente des travaux préparatoires, dessins, collages et lithographies signés de Christo. Carine Rolland, adjointe à la mairie de Paris en charge de la Culture et de la Ville du quart d’heure (sic)*, voit dans cette réalisation la possibilité de « décaler le regard sur ce monument ».
On fera mieux que ça : on évitera le quartier.
(* ) « La ville du quart d’heure » : concept du chercheur français d’origine colombienne Carlos Moreno qui a su convaincre nombre de collectivités. Ces villes entendent désormais envisager des aménagements qui permettront à leurs administrés d’accéder, en un quart d’heure, aux six fonctions indispensables de leur quotidien : rejoindre leur travail, les magasins d’alimentation, le cabinet du médecin, l’école des enfants sans oublier des équipements sportifs ou culturels et des jardins publics. Bref, un discours de citadin plein aux as suivi par les crétins habituels : jeunes cadres pistonnés et étudiants bourgeois.