Une cinquantaine d’intérimaires de l’usine Bonna Sabla à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, sont en grève depuis le 2 novembre. Ils se battent pour obtenir la même prime de 4 000 euros que les travailleurs en CDI.
Bonna Sabla, du groupe suédois Consolis, fabrique des voussoirs pour les voûtes des nouvelles lignes du Grand Paris. Il y a quelques mois, à l’occasion de l’appel d’offres pour une nouvelle tranche de travaux, l’entreprise a beaucoup augmenté ses prix... et un concurrent a remporté le marché.
Officiellement, l’entreprise aurait perdu trop d’argent si elle n’avait pas augmenté ses tarifs. C’est surprenant, car elle venait de faire des investissements de production. Et, plus bizarre encore, c’est sa troisième fermeture, avec licenciement de tous les travailleurs, en une dizaine d’années. Elle a rouvert en 2018, justement pour le Grand Paris. Alors, s’agit-il d’une volte-face d’actionnaires trouvant le profit insuffisant, d’une magouille pour se répartir le marché entre concurrents, ou d’autre chose ? Peu importe, le secret des affaires sert justement à masquer les raisons inavouables des coups portés contre les travailleurs. Là, 80 travailleurs en CDI et autant d’intérimaires seront mis dehors, la plupart d’ici janvier.
Sauf que, en même temps que Bonna Sabla veut fermer son site, l’entreprise doit produire et livrer jusqu’au bout ses voussoirs pour alimenter les tunneliers du Grand Paris. Alors, pour calmer la colère des embauchés, elle leur a versé 4 000 euros de prime de bonus de fin de chantier et paie même les heures supplémentaires actuelles à 140 % au lieu de 120%.
L’attribution de la prime aux seuls embauchés a révolté les intérimaires. Beaucoup ont autant, voire plus, d’ancienneté que les CDI. Ils ont donc préparé secrètement une grève pour le 2 novembre au matin, veillant ensuite jour et nuit à la porte. Deux tunneliers ont été mis à l’arrêt dans la semaine. Quand, lundi 8 novembre, la direction a vu des grévistes aussi déterminés qu’au premier jour, elle a fait appliquer un jugement d’expulsion par la police.
Les grévistes ne se sont pas laissé démoraliser. Ils ont décidé de poursuivre leur mouvement. Le jour même, ils sont allés à l’usine Renault de Flins prendre la parole et discuter avec les ouvriers en CDI et en intérim.
Bonna Blabla, comme ils surnomment ce patron voyou, n’en a pas fini avec eux.