Chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989. Comment réunifier deux Allemagnes dont l’une adhère à l’OTAN, l’autre au pacte de Varsovie ? À terme, ce pacte de Varsovie qui plaçait RDA, Pologne, Hongrie, pays baltes, Tchécoslovaquie et Roumanie sous la tutelle soviétique et l’OTAN conçue sous le parapluie nucléaire américain devenait sans objet. Václav Havel, l'ancien dissident alors président de la Tchécoslovaquie, appelle à la suppression des deux. Le 25 février 1991 à Budapest, le pacte de Varsovie est dissous. Mais… pas l’OTAN ! Trop d’intérêts sont en jeu. L’OTAN, c’est un fantastique débouché pour la vente d’armements.
Bush fonce à Prague. Mais à peine Havel rappelé à l’ordre, voilà Genscher, ministre des Affaires étrangères allemand, qui propose de substituer à l'OTAN un organisme de défense proprement européen : l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, anciennement « Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe » (CSCE). James Baker, secrétaire d’État de l’administration Bush, affirme dans un mémorandum en neuf points que ça tombe bien, puisque le plus cher désir des États-Unis est justement de faire de la CSCE une institution permanente ! Mais comme tout ça mérite d’être un peu retravaillé, pourquoi ne pas profiter de l’OTAN en attendant ? Gagné ! Les Européens de l'Ouest se rangent à cette option.
Donc, pas question de supprimer l’OTAN, mais on ne l’étendra pas. Principe arrêté le 10 février 1990 à Moscou entre Kohl, chancelier d’Allemagne de l’Ouest, et Gorbatchev, secrétaire général du Parti communiste de l’URSS : il accepte la réunification allemande, mais en contrepartie, pas d’extension de l’OTAN.
Douglas Hurd, ministre des Affaires étrangères anglais, affirme à son homologue soviétique Alexander Bessmertnykh, le 26 mars 1991 : « L’OTAN n’a aucunement l'intention d'inclure la Pologne, la Roumanie, la Hongrie ou la Tchécoslovaquie. » Le Premier ministre britannique John Major assure : « Nous ne renforcerons pas l'OTAN ! »
Conséquence du conflit yougoslave de 1991 à 2001, dès 1997, Pologne, Tchéquie et Hongrie rejoignent l’OTAN. La reconnaissance du Kosovo, vieux pays serbe, rendra furieux Poutine et l’incitera à réarmer, ce qui était très précisément l’objectif recherché par les États-Unis et incitera 13 États européens à rejoindre l’OTAN, encerclant aujourd’hui la Russie.
Le 11 décembre 2016, 25 États de l’Union européenne approuvent le lancement du fonds européen de défense. En réponse, le secrétaire à la Défense américain, Jim Mattis, déclare, en janvier : « La défense commune est une mission pour l'OTAN, et pour l'OTAN seule. » Jens Stoltenberg, secrétaire générale de l'OTAN, renchérit : « L'UE ne doit pas se substituer à l'OTAN » et « ne doit pas fermer ses marchés de défense aux Américains. »
En 2019, un commandement OTAN supplémentaire a été installé à Ulm, en Allemagne. La 3e brigade blindée des forces armées américaines en Pologne devait être remplacée par la 2e brigade blindée, mais les deux sont restées, violant les accords Russie-OTAN signés en 1997. Selon l'ancien directeur de la CIA Robert Gates, « il était nécessaire de poursuivre l'expansion de l'OTAN vers l’Est ».
Analysons les budgets militaires (Sources : SIPRI, Institut international de recherche sur la paix de Stockholm). Sur dix ans, et en milliards de dollars, celui des USA n’a jamais été inférieur à 600.
Pour la Russie, c’est, en moyenne, dix fois moins : 70 milliards en 2016 ; 66 en 2017 et 51 en 2018. Les dépenses militaires russes diminuent tandis que celles des États-Unis augmentent de 7 % jusqu’à représenter douze fois celles de la Russie. En 2019, le budget militaire américain est passé à 732 milliards de dollars ; celui de la Russie à 65 milliards (à titre de comparaison, celui de la France était de 46 milliards d'euros, en 2020).
Les entreprises américaines d’armement ont réalisé pas moins de 54 % de toutes les ventes d’armes du monde, en 2020.