La Haute Cour de justice britannique a accordé, ce vendredi, la demande d’extradition aux États-Unis de Julian Assange. Privé de liberté depuis onze ans, incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh, à Londres, « une détention arbitraire » où les droits de Julian Assange « ont été gravement violés » selon l’ONU, l’acharnement des États-Unis se poursuit au moment où ils organisent un sommet pour la démocratie.
Les juges autorisent l’appel formulé par le gouvernement états-unien et ont annulé la décision rendue en janvier par la juge Vanessa Baraitser. Dans son jugement de 132 pages, où le terme « suicide » est mentionné 107 fois, elle avait conclu non sur les raisons politiques de l’affaire mais elle avait refusé l’extradition en raison de l’état de santé de Julian Assange. Cette décision interpelle alors que durant les audiences du 27 et 28 octobre à la Haute cour de justice, Julian Assange se trouvait dans un état physique extrêmement inquiétant. « La première journée, il n’a pu rester assis que durant une trentaine de minutes en visioconférence avant de devoir retourner dans sa cellule, exténué », rappelait son père, John Shipton au journal l’Humanité.
Immédiatement l’avocat espagnol Baltasar Garzon, qui coordonne la défense du journaliste australien de 50 ans, a envoyé sa réaction en déclarant « faire appel » devant la Cour suprême britannique de ce jugement. Il affiche son « plus profond désaccord avec la décision de la Haute Cour d’accepter l’extradition ». Pour Baltasar Garzon : « cela confirme la persécution politique menée par les États-Unis contre WikiLeaks et Julian Assange pour avoir dénoncé des faits portant atteinte à la sécurité de tous ».
La bataille judiciaire continue. L’ancien juge espagnol promet d’épuiser « toutes les ressources nationales et internationales pour défendre ceux qui n’ont commis aucun crime et qui ont résisté héroïquement et courageusement pendant plus de onze ans à la persécution pour avoir défendu la liberté d’expression et l’accès à l’information ». Pour sa compagne et avocate, Stella Morris, la décision va « contre les fondamentaux de la liberté de la presse et de la démocratie ». Les administrations américaines successives le poursuivent pour espionnage. Julian Assange risque jusqu’à 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Pire, plusieurs responsables de l’anti-terrorisme aux États-Unis ont confirmé qu’en 2017, le directeur de la CIA Mike Pompeo, a clairement envisagé d’enlever et même d’assassiner le fondateur de WikiLeaks alors qu’il était réfugié à l’ambassade d’Équateur.