C’est un phénomène extrêmement surprenant à observer : les États-Unis sont parvenus à faire basculer une majorité d’États de leur côté, mais ces États sont les moins peuplés du monde. Tout se passe comme s’ils n’avaient pas de moyens de pression sur des pays capables d’indépendance.
Du fait des actions unilatérales des Anglo-Saxons et de l’Union européenne, le monde est en train de se diviser en deux espaces hétérogènes. L’ère de la globalisation économique est terminée. Les ponts économiques et financiers sont brisés un à un.
Réagissant avec rapidité, la Russie a convaincu ses partenaires du BRICS de stopper leurs échanges en dollars et de créer à terme une monnaie virtuelle commune pour leurs échanges. D’ici là, ils procéderont en or. Cette monnaie devrait être basée sur un panier des monnaies du BRICS, pondérées en fonction du PIB de chaque État membre, et sur un panier de matières premières cotées en bourse. Ce système devrait être beaucoup plus stable que l’actuel.
Surtout, la Russie et la Chine apparaissent comme beaucoup plus respectueux de leur partenaires que les Occidentaux. Jamais ils n’exigent de réformes structurelles, ni économiques, ni politiques. L’affaire ukrainienne montre aux yeux de tous que Moscou ne cherche pas à prendre le pouvoir à Kiev et à occuper l’Ukraine, mais à repousser l’Otan et à combattre les bandéristes (les « néo-nazis » selon la terminologie du Kremlin). Rien que de très légitime, même si la méthode est brutale.
Dans la pratique, on assiste à la fin de quatre siècles de domination des Occidentaux et de leurs empires. C’est un affrontement entre des manières de penser différentes.
Les Occidentaux ne pensent plus qu’en termes de semaines. Avec cette courte vue, ils peuvent avoir l’impression que les États-Unis ont raison et les Russes tort. Au contraire, le reste du monde pense en décennies, voire en siècles. Dans ce cas, il ne fait pas de doute que les Russes ont raison et les Occidentaux dans leur ensemble ont tort.
Plutôt que d’affronter la Russie et la Chine, les États-Unis ont choisi de se replier sur leur empire : isoler l’Occident afin d’y maintenir leur hégémonie.
Depuis 2001, tous les dirigeants mondiaux considèrent les Occidentaux et particulièrement les États-Unis, comme des prédateurs blessés. Ils n’osent pas les affronter et cherchent comment les accompagner gentiment au cimetière. Nul n’avait envisagé qu’ils s’isoleraient pour mourir.