Le rachat en cours de finalisation par la Légion étrangère de la ferme de Bannière dans la commune de Saint-Jean du Gard pose problème à ses habitants et à ceux de la région. Présenté comme un centre de repos « naturellement tourné vers la ruralité et la rusticité », ce projet s’annonce d’ores et déjà comme celui de l’implantation d’un avant-poste militarisé.
En effet, avant même d’avoir acquis cette propriété de 9 hectares, plusieurs incursions de légionnaires dans le village ont eu lieu : présence en grande pompe du 2e Régiment étranger d’infanterie nîmois lors de la cérémonie du 11 novembre (les enfants du village y furent même conviés !), naturalisation de quelques légionnaires à Maison Rouge (en présence du maire de Saint Jean du Gard) le même jour, opération de déploiement de 600 militaires armés dans les sentiers de la vallée et les rues de plusieurs villages le 23 mars dernier…
Et qu’en sera t-il une fois leur présence actée ? Qui peut réellement croire que les militaires se contenteront de faire pousser quelques carottes et de se revigorer en se plongeant dans une activité agricole ? Interrogé par Objectif Gard, le chef de corps du régiment est pour le moins clair sur ce sujet : « L’idée c’est de permettre au régiment de s’approprier davantage le département du Gard, en rayonnant vers le nord ». Cette « appropriation » s’effectuera d’une part avec la présence permanente entre 40 et 150 militaires sur place mais également par des entraînements de « combats à pied en zone boisée » dans les « sous-bois » de la ferme mais également en « terrain libre » pour lesquels il faudra l’autorisation des propriétaires environnants et de la municipalité. Sans oublier les marches dans les sentiers cévenols. Evidemment que des entraînements s’effectueront avec des tirs mais le colonel rassure : ce ne seront que « des tirs à blanc, et ça ne fera pas plus de bruit qu’une chasse au gros gibier ». La présence militaire dans les vallées et les villages semble inévitable.