L’idée générale de l’Otan est d’ajouter aux cinq domaines d’intervention habituels (air, terre, mer, espace et cybernétique), un sixième : le cerveau humain. « Alors que les actions menées dans les cinq domaines sont exécutées afin d’avoir un effet sur les hommes, l’objectif de la guerre cognitive est de faire de chacun une arme », écrit François du Cluzel.
Si la propagande de guerre était fondée, durant la Première Guerre mondiale, sur de fausses informations popularisées par de grandes plumes puis sur la répétition de messages choisis durant la Seconde Guerre mondiale, elle est aujourd’hui conçue comme un numéro d’illusionniste. Il s’agit d’émouvoir les gens pour distraire leur attention et leur masquer ce qu’ils ne doivent pas voir. Ils jugent ce qu’ils voient avec les informations sans intérêt dont on les abreuve. De la sorte, on parvient, sans leur mentir, à leur faire prendre des vessies pour des lanternes.
Nous vivons en direct une nouvelle application de cette technique, à l’occasion de la guerre en Ukraine. En voici un exemple avec le journal de France 2 du 31 mars :
France-Télévision, qui jusqu’à présent niait le caractère idéologique du régiment Azov, diffusait le 31 mars un reportage sur cette formation. La télévision publique a admis qu’il avait été, en 2014, infiltré par des éléments néo-nazis, citant un de ses fondateurs, Andriy Biletsky, mais a assuré qu’il avait changé depuis pour devenir une respectable force de Défense. France 2 ne citait pas un de ses autres fondateurs, Dmytro Yarosh, agent de l’Otan et ancien coordinateur des néo-nazis européens et des jihadistes moyen-orientaux contre la Russie, devenu conseiller spécial du commandant en chef des armées ukrainiennes.
France 2 évoquait un ancien rapport des Nations unies faisant état de tortures, mais pas la découverte de ses prisons spéciales par l’armée russe, ni les déclarations récentes de l’Onu à ce sujet. Le reportage n’expliquait pas non plus ce que sont les bandéristes dans l’histoire ukrainienne et réduisait l’importance des néo-nazis au port de la croix gammée.
Ayant ainsi escamoté le problème, la chaîne estimait le danger entre 3 000 et 5 000 hommes, tandis que l’agence Reuters assure que les paramilitaires bandéristes représentent aujourd’hui 102 000 hommes répartis en de nombreuses milices incorporées au sein de la Défense territoriale.