Avant d’affronter la justice pénale suite à sa mise en examen, Anne Lauvergeon a d’ores et déjà dû affronter le fisc. "Atomic Anne" s’est vu notifier un redressement concernant les avantages en nature qu'Areva lui a accordés pendant l’année suivant son départ, c’est-à-dire entre mi-2011 et mi-2012 : mise à disposition d’un véhicule, paiement du salaire d’un chauffeur et d’une secrétaire. Ces avantages (en incluant aussi un garde du corps) se chiffraient à 635.262 euros, selon les comptes d’Areva.
Le fisc a découvert ces avantages lors d’un contrôle fiscal d’Areva. Il a considéré que le groupe d'énergie n’avait confié à Anne Lauvergeon aucune mission justifiant ces dépenses, hormis un poste purement honorifique de présidente d’honneur du directoire. Bercy a donc conclu qu’elle avait bénéficié de “rémunérations et avantages occultes”, et l’a redressée pour cela, lui infligeant une pénalité de 40% pour “manquement délibéré”.
Le tribunal comme la cour ont validé les pénalités de 40%, car “Mme Lauvergeon ne pouvait ignorer le caractère honorifique du titre de présidente d’honneur du directoire d’Areva, et, par suite, du caractère imposable des avantages en nature qui lui ont été octroyés”. Mais Atomic Anne n'a pas lâché l'affaire, et s'est pourvue devant le Conseil d'Etat, qui a rejeté son pourvoi ce mardi 21 juin.
Pour mémoire, Areva a aussi versé à Anne Lauvergeon lors de son départ 1,5 million d’euros d’indemnités de départ de clause de non concurrence.
Anne Lauvergeon déclarant ses revenus en commun avec son mari Olivier Fric (!), le fisc a simultanément redressé son époux. Précisément, les revenus qu’Olivier Fric a encaissés entre 2005 et 2012 via quatre sociétés immatriculées aux îles Vierges britanniques : Wildmore Trading SA, Deltanor Financial Ltd (dont il détenait 100%), Amlon Ltd et International trade and finance group Ltd (dont il détenait 50%). Ces sociétés avaient notamment acheté des actions Uramin juste avant l’annonce du rachat par Areva, pour les revendre juste après, réalisant une plus-value de 295.796 euros. Olivier Fric a aussi fait transiter par Amlon Ltd et ITFG Ltd une rémunération reçue pour les conseils fournis lors de la vente de la société kazakh Kuat Amlon Munai.