Il y a quelques années, un reportage diffusé lors d’un Journal télévisé nous faisait découvrir un entrepreneur particulièrement optimiste dont l’activité était justement de « réimplanter » dans les villages qui en étaient démunis, un commerce qui allait faire office d’épicerie, boulangerie, point poste, bistrot, tabac et plus si affinités… Il trouvait ainsi le ou les gérants et les aidait dans leurs démarches et leur(s) installation(s) jusqu’au jour J, soit l’ouverture du commerce tant attendu par monsieur le Maire et ses administrés qui étaient tous conviés à célébrer comme il se devait l’événement avec vin d’honneur et ripailleries… Et tous étaient là ! Et tous félicitaient l’entrepreneur de « sauver » ainsi leur village et ses alentours grâce à cette si formidable initiative.
Et ?… Et ?… Et l’entrepreneur concluait, un peu dépité :
— L’enthousiasme le jour de l’ouverture était bien réel… Seulement, dès le lendemain, tous ces villageois prenaient leur voiture pour rouler 20 kilomètres et faire leurs courses à la grande surface la plus proche. La force de l’habitude !
Fini les petits commerçants ? À l’évidence !… Alors bienvenue aux distributeurs automatiques.
Ils fleurissent dans nos campagnes, comme l’explique une enquête du Monde : « Depuis le début du XXIe siècle, les robots ravitailleurs prospèrent au pays de Gault et Millau. L’institut d’études Gira Foodservice en dénombre aujourd’hui près de 80 000 exemplaires qui délivrent, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, une multitude de produits, du pain aux huîtres, sans oublier la cancoillotte, le boudin blanc, les œufs, le lait cru et la pizza quatre fromages. Ils sont taillés tels des frigos américains, éclairés la nuit (jusqu’à quand ?) et hyperconnectés.
Il est certain que les grandes surfaces ont eu la peau des petits commerçants. Les distributeurs automatiques auront-ils, à terme, celle des Super U, Intermarché, Leclerc et autres Carrefour ?
À l’intérieur de ceux-ci, les caisses automatiques sont déjà à la manœuvre pour avoir la peau des dernières caissières…