Grosse promotion en ce moment autour du film de Nicolas Bedos, avec Adjani. Je me déplacerai pas pour le voir. D’ailleurs je ne vais plus au cinéma depuis qu’on entend craquer le pop-corn dans les mâchoires de ses voisins. Heureusement il reste les DVD, rare invention digitale qui mérite d’exister.
Adjani a 67 ans et cherche à conserver à tout prix son look de jeune fille. Et ça doit lui coûter un max. Mais quel plaisir en tire une actrice, de jouer toujours le même rôle ? Elle avait pris un tournant prometteur dans la Journée de la jupe de Lilienfeld (2008). Son physique banal de prof dépressive était ahurissant de vérité et la tragédie de son personnage éclatait comme une bombe dans la gueule. Depuis, Adjani ne me dit plus rien.
J’ai revu Catherine Frot dans Marguerite de Xavier Giannoli (2015) et c’est toujours un enchantement. Les films de Giannoli ne vieillissent pas. Peut-être parce qu’ils sont d’une facture classique et qu’ils méprisent les artifices du cinéma actuel : effets spéciaux, bagarres, coups de flingue, cadavres en morceaux, viols en série, femmes-flics de choc, etc. etc. Ses films racontent toujours des histoires originales qui sortent de l’ordinaire, avec des personnages pourtant très proches de nous et un acteur principal qui dégage une humanité particulière.
Dans A l’origine (2009), Depardieu reçoit une balle dans la jambe (c’est la seule fois je crois où j’ai entendu un coup de feu dans un film de Giannoli), eh bien c’est pas de la rigolade, il souffre pour de vrai Depardieu et on arrive à le prendre en pitié alors que c’est la parfaite petite crapule. Faire naître de la compassion pour les criminels, le cinéma n’y arrive pas souvent mais pour moi deux films dépassent tous les autres dans cette prouesse : L’affaire SK1 de Frédéric Tellier (2015) et Dans ses yeux de Campanella (2009).
Attention, compassion ne signifie pas naïveté, bêtise, absence de colère. Jésus Christ était du genre nerveux. Il les a chassés à coups de pieds et à coups de poings les marchands du Temple. On rêve d’un nouveau Jésus Christ qui dégommerait à coups de virus les marchands d’internet. Finalement, ce qui a fait le plus de tort à Jésus Christ, « ce foutu bavard à gueule d’ananar », c’est la religion.
Mais revenons au cinéma, à Xavier Giannoli et à son film Quand j’étais chanteur (2006), peut-être mon préféré (réminiscence de mon métier sans doute). Dans ce film, Depardieu a une voix d’ange (décidément le ciel m’inspire) et Cécile de France nous lance des regards mélancoliques bouleversants… J’attends avec impatience de voir comment Giannoli nous racontera ses « Illusions perdues » (2021). Balzac mon coco tu risques d’être dépassé.
J’ai aussi beaucoup de sympathie pour un autre réalisateur qui joue sur le registre du burlesque et qui manie les trucages et les astuces de montage avec un talent fou, je veux parler d’Albert Dupontel. Son film Le vilain (2008) reste pour moi une référence dans le genre et vaut tous les Buster Keaton.
Mais comme en France on considère le divertissement comme un sous-produit, Dupontel s’est cru obligé de dériver vers le sérieux et ces deux derniers films m’ont beaucoup déçue. Dans le show-biz, pour résister à la pression faut être un roc. Dupontel est trop tendre. Dommage !