Le 10 novembre, le Ministère de l’Intérieur lançait le plus gros appel d’offres jamais passé de munitions pour réprimer la population.
L’appel d’offres, consultable en ligne, concerne la "fourniture de grenades de maintien de l’ordre et accessoires destinés aux services de la police nationale et de la gendarmerie nationale". Le ministère prévoit 38 millions d’euros de budget. Ce qui équivaut à plusieurs millions de grenades de tous types pour les quatre années à venir, c’est-à-dire le reste du deuxième mandat de Macron.
Darmanin a vu les choses en grand. La France est une lacrymocratie. Désormais, il n’y a quasiment plus une semaine dans ce pays sans tir de gaz lacrymogène. Dès sa première élection en 2017, Macron avait fait acheter pour 22 millions d’euros de "grenades de maintien de l’ordre et moyens de propulsions à retard".
En 2019, après le déclenchement des Gilets Jaunes, le Ministère de l’Intérieur commandait simultanément plusieurs dizaines de milliers de grenades pour le maintien de l’ordre et 25 millions de cartouches destinées aux fusils d’assaut dont sont dotés tous les policiers depuis les attentats. La même année, 1280 LBD étaient commandés. En mars 2021, l’État lançait une nouvelle commande de 170.000 balles en caoutchouc à l’entreprise française Alsetex, basée dans la Sarthe.
La France est sans doute le pays occidental qui utilise le plus massivement le gaz lacrymogène contre sa population. Plus de 10.000 grenades tirées rien qu’à Paris le 1er décembre 2018 contre les Gilets Jaunes. 13.000 grenades lacrymogènes ont été tirées en une semaine, au printemps 2018, sur la ZAD. Des milliers de grenades ont été tirées à Nantes, Toulouse, Rennes ou Montpellier lors de fortes mobilisations. À Sainte-Soline dernièrement: 2000 grenades pour 7000 manifestants qui s’approchaient d’un chantier. Tout ça en quelques heures. Sans parler des munitions utilisées presque chaque semaine dans les quartiers populaires. L’usage est massif, systématique, inconditionnel, alors qu’il était encore assez rare il y a 20 ans.