La « reine du crime » doit se retourner dans sa tombe. Selon le journal anglais The Telegraph, les romans d’Agatha Christie ont été réécrits pour tenir compte des sensibilités modernes : « Agatha Christie classics latest to be rewritten for modern sensitivities », titre son édition du 25 mars. Bien plus qu'une anecdote, c'est un crime !
Début mars, on apprenait la réécriture des œuvres de Roald Dahl ou de Ian Fleming – James Bond, c'est bien connu, est un dangereux réactionnaire. Voici que le wokisme s'attaque maintenant à un monument de la littérature policière. Déjà, en août 2020, le fameux Dix Petits Nègres avait été rebaptisé Ils étaient dix. Les œuvres d'Agatha Christie seront désormais publiées dans des éditions débarrassées de passages contenant des descriptions, des insultes ou de simples références à l'appartenance ethnique.
The Telegraph cite de nombreux exemples de ces modifications, recensées dans des versions numériques. Dans Le major parlait trop, dont le titre original est A Carribean Mystery, Miss Marple ne remarquera plus que l'employé d'hôtel antillais qui lui sourit a « de si belles dents blanches », il n'a même plus de dents du tout. Le même livre décrivait une femme ayant « un torse de marbre noir tel qu'un sculpteur l'aurait apprécié » ; désormais, la description de son torse disparaît.
On se souvient comment en juin 2020, Autant en emporte le vent, qualifié par certains historiens de révisionniste, avait été provisoirement retiré d'une plate-forme de streaming. On passe vite du provisoire au durable. Jusqu'à quand les élèves pourront-ils étudier, si toutefois on les étudie encore en classe, l'épisode du « Nègre de Surinam » dans Candide de Voltaire ou l'extrait de Montesquieu « De l'esclavage des nègres » ?
Comment faire comprendre à tous ces ignares que le mot nègre n’a pas eu de sens péjoratif avant la fin des années 1990, et qu’on le trouve encore dans son sens littéral chez tous les auteurs du XXe siècle, Boris Vian, Roland Barthes ou Michel Houellebecq inclus.
Aimé Césaire, qui n’était pas une face d’endive, a revendiqué haut et fort sa négritude sans y mettre de guillemets. Les guillemets sont les pincettes de la bonne conscience.